Zéno Bianu, le bleu du ciel et les villes dessous : entretien avec le poète (Bleu fauve)

Les poètes contem­po­rains (mais c’est vrai pour toutes les époques) se comptent sur les doigts d’une seule main. Qui d’autres sinon Zéno Bianu pour qu’elle s’ouvre — avec Valère Nova­rina, Chris­tian Prigent, Claude Louis-Combet et celui que nous lais­se­rons ano­nyme afin que cha­cun puisse y mettre un élu ?
Zéno Bianu, parmi eux, est sans doute le plus atten­tif et le moi cen­tré sur l’ego. Ne pavant jamais son che­min de mots valises, il choi­sit le parti-pris de la lumière – qu’il “tient par les épaules” – contre le désen­chan­te­ment et le repli, ces fai­blesses de l’esprit lorsqu’il se contente d’être laminé par lui-même. Zéno Bianu ne renonce jamais aux résis­tances et au chant qui se dégage des tumultes pour l’élan à l’existence et ten­ter d’incarner l’impossible.

De l’auteur : à paraître sous peu  Can­tique des can­tiques (songes de Leo­nard Cohen).
A lire (entre autres) : Man­tra (Cahiers des Bri­sants), Fatigue de la Lumière (Gra­nit), Le bat­te­ment du monde (Lettres Vives), La troi­sième rive (Fata Morgana).

 entretien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Le désir de redé­cou­vrir le monde.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Ils prennent chaque jour une plus grande importance.

A quoi avez-vous renoncé ?
J’ai tou­jours veillé – autant que faire se peut – à ne pas bais­ser la garde.

D’où venez-vous ? Du Sud absolu.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Un sens de l’écoute.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Le bleu du ciel.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres poètes ?
L’ouverture à l’Orient.

Com­ment définiriez-vous votre fusion d’éros, de tha­na­tos, du Jazz et d’un cer­tain Rock (Hen­drix)  ?
La poé­sie comme riposte émerveillante.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Le viva­rium du Jar­din des Plantes.

Et votre pre­mière lec­ture ?
“Voyage au centre de la Terre”.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Notam­ment Bach, Mon­te­verdi, Col­trane, Chet Baker, Leo­nard Cohen, chant clas­sique indien.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Moby Dick”.

Quel film vous fait pleu­rer ?
“La Strada”.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Un double un peu cabossé mais tou­jours vaillant.

À qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
À Julien Gracq.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Un trip­tyque indis­so­ciable : New York, Venise, Bénarès.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Tous ceux qui per­çoivent l’art comme une forme d’engagement existentiel.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Une « anthro­po­mé­trie » d’Yves Klein ou – plus sim­ple­ment – un bon stylo.

Que défendez-vous ?
L’attention – à soi, à autrui, au monde.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je l’ai tou­jours trou­vée extrê­me­ment pessimiste.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
Si l’on répond oui à ce qui est, la ques­tion dis­pa­raît d’elle-même.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Com­ment réin­ven­ter une autre lumière ?

Entre­tien et pré­sen­ta­tion réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 20 avril 2019.

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