Avec ces chroniques, à paraître en trois tomes, Sylvain Runberg aborde pour la première fois l’urban fantasy et retient New York comme cadre de son scénario. Avec les nombreux avatars de son héroïne, le scénariste souhaite explorer le poids du passé, la difficulté d’en faire fi, de couper les liens, les ponts avec des actes, des acteurs d’une époque qu’Alison veut révolue.
Il s’appuie également sur le croisement des différentes cultures qui composent les USA, fruit d’immigrations régulières. Il est “amusant” de voir, d’ailleurs, qu’un dégât d’immigration récente veut absolument faire cesser celle-ci et construire un mur sur une frontière.
Le récit débute quand Alison décide de tenir un journal intime pour canaliser ses pensées et pratiquer une sorte de psychothérapie quant à des antécédents difficiles. Elle exorcise ses peurs, ses angoisses dans les tableaux qu’elle peint. Mais, pour l’heure, elle veut oublier ce qui est en dessous, Ses œuvres ont été remarquées et elle prépare une exposition dans une prestigieuse galerie de New York. Elle est aidée par Petra sa colocataire. Celle-ci est conquise par le candidat à la mairie qu’elle trouve si beau. Aussi, quand elle apprend qu’il sera au vernissage, elle est aux anges. Cependant, une ombre semble surveiller les deux jeunes femmes depuis un immeuble voisin.
L’accueil des tableaux d’Alison, malgré les thèmes difficiles, austères, voire dérangeants, est bon. Soudain, elle fait un malaise. Elle est victime d’une attaque magique. Le monde d’en dessous, auquel elle appartient mais qu’elle a voulu fuir, la rattrape. La galerie est envahie par d’énormes filaments. C’est Bayard qui veut la ramener à la maison. Allison est une sorcière appartenant à un des cinq clans qui gouvernent le monde souterrain et qui influent, en secret, sur la vie de la surface et de ses habitants. Or, Alison ne veut pas retourner d’où elle vient…
Le choix du cadre n’est pas dû au hasard. Le scénariste connaît bien la ville de New York et a été frappé par la diversité des populations, par les cohabitations les plus extrêmes et par la dureté sociale du pays. Dans les mêmes endroits peuvent coexister la misère la plus effroyable et la richesse la plus insolente.
Pour pimenter son intrigue et malmener son héroïne, il introduit une belle part de sorcellerie qui offre de multiples péripéties et développements.
Le dessin est l’œuvre de Mirka Andolfo, une illustratrice italienne qui multiplie les collaborations avec différents éditeurs tels que DC Comics, Marvel, Panini et… Glénat. Elle exécute un dessin semi-réaliste, des traits légers pour mieux souligner les ombres et des décors riches en détails. Le tout donne des planches au dynamisme assuré, à la mise en page ouverte. Le présent album est complété par les interviews, riches en informations, de Mirka Andolfo et Sylvain Runberg.
Un premier tome attractif par le soin de la mise en place des éléments d’intrigue, leurs variétés et par un graphisme attrayant.
serge perraud
Sylvain Runberg (scénario), Mirka Andolfo (dessin), Carmelo zagaria (encrage) & Piky Hamilton ( couleur), Les Chroniques d’Under York — t.1/3 : La Malédiction, Glénat, Label “Log-in”, mars 2019, 80 p. – 16,90 €.