Chantons et pas seulement sous la pluie : entretien avec Cécile Xambeu (Poètes du voyage )

Cécile Xam­beu a monté plu­sieurs pec­tacles qui mêlent poé­sie, spec­tacle et musique. Entre autres Poètes du voyage. La créa­trice pro­pose des per­for­mances éner­gi­santes qui per­mettent de bous­cu­ler le spec­ta­teur avec la part de risque que cela sup­pose. Dans ce but, elle tra­verse genres et méthodes en pas­sant du bur­lesque et la clow­ne­rie à des moments plus sérieux. En 2011, son texte écrit en hom­mage à sa grand mère Mater d’asile fut monté à Genève où la créa­trice mit à jour de manière puis­sante l’amour filial et de la déhu­ma­ni­sa­tion des hôpi­taux.
Elle a monté elle-même Plume de Henri Michaux en octobre 2017 avec sa com­pa­gnie fran­çaise « Com­pa­gnie Champ libre » (fon­dée 2003) qui conti­nue à sur­vivre sans sub­ven­tion . En Suisse, elle a créé le groupe « C’est quand qu’on va où » qui pour­suit sous ce titre épo­nyme un spec­tacle qui pour­suit une belle car­rière dans le can­ton de Genève et sa région fron­ta­lière et fait entendre Fauré et Ravel (entre autres) et des com­po­si­tions du pers­cus­sion­niste Lucas Cuclaux-Loras.
Elle a joué aussi « Babar » en clown, avec le texte ori­gi­nal et la par­ti­tion de Pou­lenc à Tho­nex avec 15 musi­ciens il y a 4 ans pour les enfants. Les Edi­tions des Sables de Huguette Junod à Genève ont publié son superbe pre­mier recueil de poème ; « Angèle n’a pas de sex appeal et craint pour ses ailes ».

 Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’idée de prendre mon petit déjeuner.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Je rêvais de deman­der mon pain à la bou­lan­ge­rie en chan­tant, comme dans les comé­dies musi­cales… et je suis deve­nue théâtreuse !

A quoi avez-vous renoncé ?
À la sécu­rité finan­cière, l’idée d’être pro­prié­taire, d’une bonne retraite.

D’où venez-vous ?
De la pla­nète Utérus.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Le cou­rage de faire, la téna­cité, l’hyper-exigence

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Rire chaque jour

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Rien… J’essaie de me libé­rer de mon ego, du désir de plaire, des auto-enfermements ; je ne me fais aucun cadeau, je ne triche pas.

Com­ment définiriez-vous vos liens spectacle-poésie ?
Regar­der, écou­ter, res­sen­tir un son, un mot, un rythme, une image, c’est ça la poé­sie ; ça dépend beau­coup de la qua­lité de récep­tion ; alors je dirais que j’essaie d’améliorer l’écoute, le regard du spec­ta­teur pour qu’il découvre la poé­sie à l’oeuvre s’il a gardé fraî­cheur et capa­cité à s’émouvoir, à dis­tin­guer ce qui est vivant de ce qui est un ersatz, un simulacre.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Sans aucun doute mes propres mains gigo­tant au des­sus de mon visage dans le berceau

Et votre pre­mière lec­ture ?
Je lisais cou­ram­ment à 5 ans… La biblio­thèque rose, la com­tesse de Ségur.

Quelles musiques écoutez-vous ?
De tout ou presque : Rock, folk, pop, chan­son fran­çaise, clas­sique, blues…

Quel est le livre que vous aimez relire ?
“La pro­messe de l’aube” de Romain Gary

Quel film vous fait pleu­rer ?
« Mummy” de Xavier Dolan m’a déclen­ché une crise de larmes de 10mn à la fin du film…

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Quelqu’un qui se donne du mal pour deve­nir quelqu’un de bien.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
À des per­sonnes plus âgées que j’admirais, que j’aimais sans vrai­ment connaître, un prêtre, un pro­fes­seur de clown…

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Plein de noms évo­ca­teurs et mys­té­rieux, New-York, Zan­zi­bar, le Machu-Picchu …

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Ceux qui doutent et cherchent, sans se satis­faire des trucs qui marchent. Et je pense à un ami, for­mi­dable peintre et humain qui nous a quit­tés trop tôt, Fran­cis Oli­vier Bru­net dont il faut décou­vrir l’oeuvre.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un mot d’amour

Que défendez-vous ?
Les valeurs répu­bli­caines : Liberté Ega­lité, Fra­ter­nité ; l’éducation et la néces­sité de l’Art pour sur­vivre au trivial.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Cette phrase est d’un triste… Pour moi, l’amour c’est la capa­cité à s’émouvoir, à lais­ser entrer l’altérité en soi, à s’émerveiller.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
Beau­coup plus posi­tive cette phrase : s’abandonner à la vie, lui dire oui et faire confiance.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Ah non, c’est à mon tour main­te­nant de poser les questions…

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 9 avril 2019.

1 Comment

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One Response to Chantons et pas seulement sous la pluie : entretien avec Cécile Xambeu (Poètes du voyage )

  1. Villeneuve

    Sin­cé­rité , pureté , intel­li­gence , altruisme . Entre­tien très sédui­sant qui montre , si besoin est , que Cécile a du sex-appeal .

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