Une réinterprétation du mythe d’Adam et Ève
La préhistoire sert de cadre à cette histoire. Mais, dans cette Préhistoire, cohabitent deux sociétés, l’une très en avance technologiquement et l’autre encore à l’époque des Hominidés, des hommes de Cro-Magnon et des Néandertaliens.
Le scénariste met en scène un duo d’adolescents vivant dans le cadre hyper protégé de la cité d’Eden et découvrant par hasard un monde primitif. Il s’appuie sur la Genèse biblique, reprenant les grands concepts de celle-ci comme le serpent, la pomme…
Mais il propose une vision bien différente de celle de la Bible en donnant à Soléa, apparentée à Ève, un statut d’héroïne et proposant un Adam peu à son avantage, un superbe antihéros. Un joli pied-de-nez à tous les phallocrates qui pullulent dans les mondes religieux.
Il y a 200 000 ans, dans la cité d’Eden, Soléa est une belle adolescente entourée d’une cour de garçons. Alors qu’ils la pressent de désigner celui qui sera son cavalier, elle livre le nom de Yab, un garçon timide, solitaire. Il ne s’intéresse, semble-t-il, qu’à l’informatique.
À l’Institut scientifique, le professeur Haroun se fait huer par ses pairs quand il évoque la catastrophe lorsque l’ordinateur atteindra le noyau central de la Terre. La cité est totalement gérée par cette machine qui s’auto-entretient et qui ne cesse de se développer.
Quand Yab est sollicité par Soléa pour des explications en physique, matière à laquelle elle en comprend rien, il se prend à rêver.
Une fissure apparaît dans une chaussée. Haroun est radié de l’Institut et Yab, par hasard, voit Soléa entrer dans un fourré du parc et… disparaître. Le lendemain, posté près de l’endroit, après une longue attente il voit arriver Soléa. Elle se volatilise. Il se précipite et tombe dans une crevasse qui ouvre sur un monde souterrain. Guidé par un drôle de ver, il retrouve Soléa dans un pommier avant des rencontres improbables pour ces adolescents.
À l’extérieur, la catastrophe est imminente…
Bernard Swysen propose un récit attractif avec ce garçon maladroit, gaffeur, amoureux transi d’une belle jeune fille hardie, aventureuse, audacieuse. Il met beaucoup d’humour avec ces décalages entre les personnages et les époques. La découverte par des adolescents ayant toujours vécu dans un site protégé, avec tous les moyens technologiques que l’on utiliser aujourd’hui, d’un monde où tout est à inventer, où les humains sont des proies pour les nombreux prédateurs, est source de scènes cocasses.
Le dessin est assuré par Siteb qui signe avec le présent volume son premier album. Outre des publications dans des fanzines, il a, à son actif, une histoire courte scénarisée par Bernard Swysen parue dans Lanfeust Mag. Avec des planches au dessin semi-réaliste, au dynamisme assuré il donne à lire de belle façon une histoire fort plaisante.
Le premier volet de ce diptyque est une belle surprise tant au point de vue du récit que l’on suit avec plaisir que du graphisme fort intéressant à regarder.
serge perraud
Bernard Swysen (scénario), Siteb (dessin) & Hugo Poupelin (couleur), Les rescapés d’Eden – t.01 : Au commencement, Soleil, coll. “Jeunesse”, mars 2019, 56 p. – 11, 50 €.