Aux interstices de l’existence
Un mur, une cabine téléphonique, une voiture désossée, un vague terrain en bordure de ville, lieu d’indéterminations, d’interlocutions. Des gens comme rivés à ce décor s’invectivent vivement, parfois violemment. Il s’agit d’un retour –difficile – auprès de sa famille avant de mourir – dans quelque temps. Les propos procèdent d’une manière de dire les choses qui nous arrivent par leur envers, les amours que nous vivons par leur manque, le tissage enfin de l’existence.
Explorer les inanités de la vie, l’autre côté des aveux, les fausses promesses, les personnes qui n’ont pas été rappelées, rachetées, qui sont restées à l’arrière-plan. La tentation folle de relire la trame de son vécu, comme si le rapport à sa fin jouait le rôle de révélateur.
Les personnages se répondent, en proférant leur parole à la cantonade, sans vraiment dialoguer. Ce sont des brisures familiales profondes, des bribes d’interactions devenues lourdes, chargées d’absence voire de regrets. Un texte intimiste, plein de sens, mais monotone. Les personnes déjà mortes – un ami si cher, le père – interviennent à cet interstice de l’existence. Pour celui autour duquel gravitent les autres personnes, il s’agit aussi de s’approcher avec finesse de sa propre fin.
A terme, on assiste à une disparition sans plainte. Entre-temps, une élucidation en permanence reconduite des rapports entre les êtres. Des confidences qui s’étirent et perdent de leur force ; la représentation séduit, mais ne parvient pas à nourrir si longuement l’attention, ni durablement l’intérêt.
christophe giolito
Le Pays lointain
de Jean-Luc Lagarce
Mise en scène Clément Hervieu-Léger
© Jean Louis Fernandez (photo libre de droits)
Avec : Aymeline Alix ; Louis Berthélemy ; Audrey Bonnet ; Clémence Boué ; Loïc Corbery de la Comédie-Française ; Vincent Dissez ; François Nambot ; Guillaume Ravoire ; Daniel San Pedro ; Nada Strancar et Stanley Weber.
Collaboration artistique Frédérique Plain ; musique Pascal Sangla ; scénographie Aurélie Maestre ; costumes Caroline de Vivaise ; lumière Bertrand Couderc ; Son Jean-Luc Ristord ; maquillages / coiffures David Carvalho Nunes ; assistante à la mise en scène Elsa Hamnane ; régie générale et plateau Philippe Zielinski ; régie lumière Alban Sauvé ; régie son Wilfrid Connell ; administration Anne-Sophie Dupoux.
A l’Odéon – Théâtre de l’Europe, Place de l’Odéon, Paris 75006,
Du 15 mars au 7 avril, à 19h30 du mardi au samedi, 15h le dimanche.
Relâche le 17 mars. Durée 4h (avec un entracte).
Création au Théâtre National de Strasbourg le 26 septembre 2017
Production déléguée : La Compagnie des Petits Champs
La Compagnie des Petits Champs est conventionnée par la Drac Normandie, Ministère de la Culture et de la Communication.
Elle reçoit le soutien de la Région Normandie, du Département de l’Eure, et de l’Odia-Normandie.
Coproduction Théâtre National de Strasbourg, Châteauvallon – Scène Nationale, Théâtre de Caen,
Célestins –Théâtre de Lyon, Scène Nationale d’Albi, L’Entracte – scène conventionnée de Sablé sur Sarthe.
Les décors et les costumes sont réalisés par les ateliers du Théâtre National de Strasbourg.
Le Pays lointain, de Jean-Luc Lagarce, est publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs en 2005.