Julie Okmün a commencé son travail photographique lors de ses périples en Afrique et en Amérique Centrale. De retour en France, elle utilise son art dans un but ouvertement politique. Elle photographie d’abord les mouvements sociaux (contre-sommets et autres camps d’activistes en Europe) avant de s’intéresser aux questions de migrations et de frontières. Elle saisit la vie des camps “No Border” de Calais, Bruxelles, puis en Angleterre, Serbie, Ukraine, Grèce et Turquie, avant de s’arrêter épuisée.
Après un moment de reconstruction, elle photographie de manière moins systématique mais toujours prégnante ce qui est lié à l’exploration du rapport à l’autre, au monde, à soi. Voyages et déambulations, vie en squat, milieux festifs, tentatives d’habitat fluvial, moments familiaux, vie intime sont saisis au fil du temps.
L’artiste réunit ici trois séries aux couleurs, vies, désirs parallèles et ignorés Elle ne cherche pas offrir un travail militant. Elle veut simplement témoigner lors d’enquêtes libres qui ressemblent à des vagabondages. Ce qui est sans doute bien mieux car Julie Okmün évite de passer à côté de son sujet : elle s’y laisse porter. Sans compromis et avec acuité.
C’est une manière de vivre d’autres lendemains sans forcément jouir de richesses.
Ici, le corps et l’esprit vont et viennent dans une pratique d’une forme d’héroïsme quotidien, parfois dur parfois plus ludique à partir d’existences “condamnées” à la différence.
jean-paul gavard-perret
Julie Okmün, Borderless, Corridor Elephant, Paris, 2019, 76 p.