Milla et son équipe de récupérateurs traquent les nefs perdues lors des premiers essais de colonisation de l’espace par l’Homme. Cette colonisation a été rendue possible par la rencontre des Atils, une race d’extraterrestres très en avance technologiquement, qui ont fait profiter l’Humanité de leurs connaissances.
L’équipe arrive en vue d’une nouvelle planète où elle a capté un signal. Les membres du groupe doivent récupérer les caissons d’hibernation avant l’arrivée des Écumeurs. Ils débarquent pour aller vers la source du signal, source immergée. Toutefois, ce n’est pas une nef ni ses décombres mais un module émetteur récent. Ils sont tombés dans un piège et sont immédiatement attaqués par une faune très agressive. Les récupérateurs s’en sortent de justesse. Alors qu’ils tentent de cerner le programmeur qui falsifie les signaux, Petra pense savoir de qui il s’agit. Elle a même travaillé avec lui. Il avait un repaire dans la cité suspendue d’Armilia.
Utilisant un modèle de porte qui active des trous de ver, ils se téléportent. Très vite, ils sont cernés par des Écumeurs qui ont à leur tête Jonas et Daphné, tous deux bien connus de Milla et de Clarence. Daphné explique qu’elle les a rejoints car ils ne sont pas comme on les présente. En fait, ils cherchent à découvrir ce que cachent des responsables Atils qui s’intéressent aux premiers colons. Ce sont eux qui envoient l’équipe sur des fausses pistes. Milla et ses collègues vont être entraînés dans une folle équipée pleine de dangers et de découvertes désagréables…
Avec Denis-Pierre Filippi les histoires ne sont jamais linéaires. Il garde toujours en réserve de nombreux éléments de surprise. Après une belle introduction, une découverte de l’univers riche qu’il a conçu, il monte d’une marche (voire de plusieurs) en intégrant des données particulièrement déstabilisantes, remettant en cause un des postulats de départ.
Il avait constitué une équipe bien équilibrée et aux caractères complémentaires qui assurait l’action. Dans cet album, par sa construction narrative, il intègre de nouveaux participants et donne un rôle plus conséquent à un personnage alors secondaire offrant, ainsi, une belle évolution du scénario.
Le dessin de Vincenzo Cucca et les couleurs de Fabio Marinacci sont indissociables, tant ils se complètent. Si les personnages sont parfaitement campés, avec une expressivité bienvenue, le tandem brille dans la conception de décors. Il imagine des cadres fabuleux, une flore et une végétation effrayantes, étouffantes et des constructions étonnantes. Cucca et Marinacci excellent également dans la mise en images d’un bestiaire novateur, particulièrement féroce. Une réussite !
Ce troisième tome de Colonisation relance de belle manière cette série et fait attendre un dernier tome encore plus fabuleux tant au point de vue scénaristique que graphique.
serge perraud
Denis-Pierre Filippi (scénario), Vincenzo Cucca (dessin) & Fabio Marinacci (couleur), Colonisation – t.03 : L’arbre matrice, Glénat, coll. “24x32”, février 2019, 48 p. – 13, 90 €.