Early Works 1992–1997 est le premier livre de Lucilla Barbieri et Fabrizio Coppi. Il s’agit de fait leur premier portfolio lorsque ils ont entrepris de travailler ensemble sous le nom de “Coppi Barbieri” en utilisant un appareil photo grand format. Ce “Sinar 5×7 pouces” leur a permis d’analyser chaque étape des prises en observant reflets et variations de lumière à travers son soufflet.
Les deux créateurs ont travaillé de concert tout au long du processus et le choix d’un film transparent leur a offert un moyen de contrôler les couleurs très importantes pour eux soit en des variations monochromes soit en contraste des couleurs.
Inspirés par les images nues déformées d’André Kertesz, ils se sont intéressés aux mouvements des formes, leurs gonflements et ressacs. Comme Morandi et Gnoli en peinture ou Paolo Robersi et Sarah Moon en photographie, progressivement ils se sont recentrés sur la verrerie, les vêtements, les ustensiles en métal de cuisson et de la vie quotidienne.
Il s’agit toujours de dématérialiser les sujets en une métamorphose picturale.
Se rédécouvrent donc dans ce beau livre les débuts d’une collaboration fructueuse d’où se dégage un langage photographique à quatre mains. La “traduction” de réel interroge sa nature même jusqu’à offrir des paradoxes insolubles. Ce décentrement silencieux fait des deux créateurs des poètes d’une calligraphie des variations et des mutations qui rappelle ce que Klee disait : “L’art ne reproduit pas le visible, il le rend visible”.
jean-paul gavard-perret
Lucilla Barbieri & Fabrizio Coppi, Coppi Barbieri Early Works 1992–1997, Damiani Editions, 2019.