Une enquête bien douloureuse pour la commissaire Marion
Ce roman, paru en grand format en 1996, permet de retrouver la commissaire à ses débuts. Elle est à Lyon, dirige un groupe criminel au sein de la Police judiciaire. Elle est décrite comme blonde, de taille moyenne, mince et plutôt jolie. Son mari l’a quittée et depuis, elle mène sa vie sentimentale comme bon lui semble, passant cependant, l’essentiel de son temps à son travail.
Ben a séduit Nicole, une dame proche de la cinquantaine. Il l’a totalement dévêtue et va, dit-il, dans la salle de bains pour se préparer. Quand il revient, elle éclate de rire devant le déguisement de son futur amant. Et c’est un bain de sang. Ben veut satisfaire Cora en filmant toute la scène.
La commissaire Marion et son équipe trouvent sur place une situation bien pénible tant la puanteur est forte. La chasse aux indices est maigre : un cheveu blond synthétique, un embout de talon aiguille, mais aucun poil pour la traque d’ADN. Toutefois, les conditions du meurtre rappellent un crime similaire, vieux d’un an, non élucidé.
Ben est déçu car les journaux du lendemain font peu de cas du meurtre de Nicole Privat. Les recherches sur la vie de la morte apportent peu d’éléments. Après un début de vie agréable, ses déboires se sont enchaînés jusqu’à l’existence bien terne qu’elle menait, d’après le témoignage de sa collègue. C’est incidemment que Marion apprend que son amant du moment lui ment. Alors qu’il déclare être absent de Lyon pendant deux semaines, il a été vu dans un bar avec une femme.
Et les enquêteurs sont confrontés à un second meurtre commis avec le même mode opératoire. Marion, sans s’en douter, va se trouver impliquée personnellement dans cette affaire à un point…
La romancière, qui n’est pas toujours tendre avec son héroïne, la confronte à une affaire particulièrement difficile. Celle-ci prend ses racines dans la génétique et s’appuie sur les évolutions physiques et psychiques de l’être humain et de son environnement. Elle se sert d’une pathologie qui reste rare, donne de nombreux détails sur cette maladie et sur ses effets secondaires. Ceux-ci se retrouvent dans une intrigue où tout se conjugue harmonieusement.
C’est une succession d’éléments troublants, d’actes contradictoires, d’indices qui vont, soit dans un sens qui arrange la commissaire, soit dans une direction qui l’amène à s’interroger sur sa capacité à faire abstraction de ses sentiments personnels. Danièle Thiéry propose, ainsi, une série d’oppositions qui font sans cesse rebondir l’enquête.
Si les côtés purement policiers tels que la traque des indices, le recueil des témoignages, l’analyse des éléments sont restitués avec brio, la romancière détaille les émotions et les perceptions des intervenants, leur vie personnelle plus ou moins chaotique, apportant une dimension humaine qui éclaire le récit.
Avec Le sang du bourreau, un magnifique titre en parfaite adéquation avec le cœur de l’intrigue, Danièle Thiéry offre un roman fort, puissant, addictif.
serge perraud
Danièle Thiéry, Le sang du bourreau, J’ai Lu n°11994 coll. “Thriller”, novembre 2018, 384 p. – 7, 60 €.