Quand Gégé et Lulu ne savent pas quoi faire, ils sortent un jeu de cartes issu de l’imagination tordue de J-B. Pouy et de P.Raynal…
Chaque dimanche, Gégé et Lulu s’ennuient. Ils ont élu résidence dans un bistrot pour jouer aux cartes. Une partie bien singulière s’engage, et les cartes sont atypiques, car Gégé et Lulu ne sont autres que Dieu et le Diable ; à travers leur jeu ils se livrent à une vaste bataille pour influer sur la destinée de deux personnes choisies aléatoirement et qu’ils amènent à se rencontrer. Leur dévolu se porte sur frère Antoine, un moine d’une abbaye bretonne, et Mado, stripteaseuse au Paradiso, maquée à un nul, Dominique. La rencontre ? Elle a lieu dans un supermarché où Mado ne cache rien de ses arguments à ce malheureux moine. S’engage alors une histoire mélodramatique dont nos deux protagonistes ne sortiront que grâce au hasard — mais celui-ci est intéressé !
Kouzma, un représentant de la mafia russe, a une place dans l’histoire : allié à Dominique, il fera chanter frère Antoine à l’aide de photos coquines plutôt compromettantes — chantage à la suite duquel le moine se verra contraint d’user de ses talents de cambrioleur perceur de coffres forts. Le moine est rattrapé par son passé. Lorsque la police enquête, elle est vite dépassée par ce moine débonnaire, nonchalant, dont les idées et les manières, pourtant, ne laissent pas de paraître suspectes. Mais frère Antoine est rusé, mais Gégé a de multiples cartes “Chance” dans sa manche, mais Dieu doit l’emporter sur le Diable pour que l’humanité ait un sens… alors pourquoi cette histoire n’aurait-elle pas de morale ?
Jean-Bernard Pouy est un adepte du roman à quatre mains et des romans-feuilletons. Avec son compère Patrick Raynal, qu’il avait déjà embarqué aux Éditions Baleine dans des collections créées par lui-même — Le Poulpe et la Série Grise — il lance une nouvelle comédie qui se veut visuelle, où les deux protagonistes, qui détiennent les rênes du monde, sont d’affreux vieux rigolards, et dont l’intérêt majeur tient à ses multiples rebondissements.
La complicité des auteurs est patente ; les deux compères — qu’il s’agisse de Gégé et Lulu ou de Pouy et Raynal — s’amusent beaucoup et usent de jeux de mots tous aussi foireux les uns que les autres… pour notre plus grand plaisir. Ils nous promettent une suite. Sera-t-elle de leur cru ou bien la confieront-ils à d’autres ?
julien védrenne
Jean-Bernard Pouy & Patrick Raynal, La Farce du destin, Les Contrebandiers éditeurs, 2004, 175 p. — 15,00 €. |
||