Soliloque des schizophrènes — CHFD & Mathieu Charvel
Par son ruban de mots en fragments et de références, Charvel s’amuse à jouer l’idiot de la famille pour sortir d’étranges poissons du bain des images. Mais le narrateur ne se veut pas pêcheur, ni Charles-François Duplain parleur. D’où ce double soliloque des schizophrènes. L’un s’efface lorsque l’autre prend la “parole” lorsque le premier en a fini avec ses “images”.
De ce dialogue en soliloque double, la fin du “moi” trouve un rebond et échappe à notre propre perte. Le tout avec classe, drôlerie et impeccabilité. Aux bons entendeurs comme aux sourds, aux aveugles comme au voyant les deux créateurs adressent leur salut.
Qu’importe si l’identité joue du billard entre ses deux pôles. Elle évite de considérer la vie comme un plagiat dont le seul objectif serait la mort que l’on se donne en faisant taire ce qui doit sortir au delà du K.O. de la conscience. Les textes sont des pièges aux penseurs en bonnet d’âne et les images permettent aux regardeurs de rentrer en un parfait dédale.
Tout est faussement barré et subtilement burlesque.
jean-paul gavard-perret
CHFD & Mathieu Charvel, TERRASSES & Islande”, 2019, 20 exemplaires.