Araki passe ici à la fois aux aveux et en revue plus de quarante ans de clichés. De 1963, lorsqu’il débute dans l’agence de publicité Dentsū, jusqu’en 2006. De séries en séries, l’artiste remonte son histoire entre photos et anecdotes. Il avoue (dans son entretien avec Susumu Watada) avoir même kidnappé une très jeune enfant pour la prendre en photo…
Il est vrai que l’homme est sulfureux. Ses photographies de même. Même si ce livre ne leur donne pas totalement justice car souvent trop petites. Sa vie et son oeuvre reste un combat entre Eros et Thanatos et ce, depuis son enfance dont le terrain de jeu était le cimetière des prostituées de Yoshiwara et jusqu’à la disparition tragique de sa femme Yokô, survenue en 2010.
Sidéré par le sexe, le désir, la vie et la mort, pour l’artiste la femme reste le seul sujet — avec les fleurs qui lui servent de métaphores. Elle est captée libre ou ligotée par celui qui reste un des maîtres du bondage nippon contemporain. Il a trouvé dans KaoRi sa dernière muse une manière d’oublier Yoko Aoki l’épouse dont il raconta en image le voyage de nonce comme celui du départ.
Avec Aoki, il multiplia les techniques afin de réaliser ses prises de manière compulsive, allant jusqu’à prendre des centaines d’images en un seul jour de son dernier « printemps ».
jean-paul gavard-perret
Nobuyoshi Araki, La leçon de photo intégrale, traduit du japonais par Dominique Sylvain et Frank Sylvain, Atelier Akatombo, 2019, 288 p.