Sous des aspects primesautiers, Olivier Rachet est un écrivain conséquent. Ils sont rares. Il appartient ainsi à ceux qui ne se commettent avec l’inutile que lorsqu’il est essentiel. Pour preuve son travail sur Sollers et la peinture aux éditions Tinbad. L’auteur comme son “modèle” n’est pas de ceux qui protègent et stimulent la sottise. Et il est même meilleur avocat pour les autres que pour lui même — ce qui est fort de café dans notre société du tout à l’ego.
Sachant que la vie terrestre est bien courte, il ne renonce à rien et surtout pas à changer certaines habitudes même si des pisse-froid les prendraient pour des défauts. Bref, il existe chez lui autant de sourire que d’intelligence.
Le lire est une manière de ne pas mourir (le plus tard possible) idiot.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La lumière du jour.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Certains sommeillent encore, d’autres me font la grimace.
A quoi avez-vous renoncé ?
Au romantisme.
D’où venez-vous ?
Du Périgord.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Cette notion m’est inconnue. Je lui préfère celle de don et de contre-don.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
J’hésite entre le café et la masturbation.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres écrivains ?
Tout dépend desquels. De certains, l’impossibilité de me compromettre. D’autres, le labeur.
Comment définiriez-vous vos approches de l’art ?
Urgence, dérision, transparence.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Un autoportrait de Van Gogh à l’oreille coupée.
Et votre première lecture ?
Des calligrammes d’Apollinaire.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Bach.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Illuminations” de Rimbaud.
Quel film vous fait pleurer ?
“Le Miroir” de Tarkovski.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Un chevalier à la triste figure plutôt mal rasé.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Au Père Noël.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Chiraz.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Genet, Rimbaud, Sollers, Guyotat, Anne Teresa de Keersmaeker, Cézanne, Pina Bausch, Tarkovski, Orson Welles, Shakespeare, les troubadours et les poètes arabo-musulmans.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une lettre anonyme.
Que défendez-vous ?
De marcher sur les trottoirs.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
La prostitution a encore de très beaux jours devant elle.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Elle me rappelle “Ulysse” de Joyce.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Où en êtes-vous, monsieur Rachet, avec le temps ?
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 12 mars 2019.
Merci à JPGP pour l’idée de cet entretien. Merci infiniment.