Lydie Calloud poursuit un travail minutieux de décomposition et recomposition des matières et des formes. Celles-ci deviennent aussi dures que flottantes, foisonnantes et à identités multiples. Entre photographies (de relevés scientifiques comme d’images médiatiques) et supports, les formes voient leur nature transformée, leur valeur symbolique vidée selon des lois propres à la physique que crée l’artiste.
Le regardeur se trouve perdu entre abstraction et figuration, là où tout est tracé avec une extrême précision voire une forme de préciosité et de raffinement. L’oeil se perd dans les jeux de lacis où les choses s’enfoncent, se combinent dans un falbala de formes. Un tel travail n’a rien d’ornemental. Il s’agit d’ouvrir le réel à des nouvelles présences et de nouvelles émotions entre ferveurs et tremblements qui, sans doute, évoquent les propres mouvements de la personnalité secrète et de la vie intime de la plasticienne.
Mises en volumes, ombres portées, dessins reportés créent des résurrections, des déstabilisations au langage particulier. Il reste le manifeste d’un panthéisme discret et d’un romantisme encore plus ineffable. Rien n’a lieu que le lieu de l’émotion. Elle est fondée sur le savoir et la technique de Lydie Calloud afin que des ombres comme des lumières comblent la profondeur des canyons secrets et leurs arêtes.
Tout monte vers le regard distribuant ce qui respire entre le sommeil et le songe.
jean-paul gavard-perret
Lydie Calloud, Transvision, Maison Fert’île, 01300, Groslée Saint Benoit, du 13 avril au 12 mai.