La poésie de Siméon n’a rien de contemplative et délétère : elle avance pour combattre l’éphémère de manière dynamique. L’auteur est de ceux qui estiment (à juste titre) que la poésie est capable de soulever le monde et d’être porteuse de joie par-delà les douleurs et les peurs. Comme Baudelaire, l’auteur réconcilie l’action et le rêve. C’est un passeport aux déplacements. Et ce, en signe de reconnaissance à Aimé Césaire auquel l’auteur rend hommage en épilogue.
Preuve que la générosité du poète observe toujours les besoins d’autrui avant les siens propres.
En symbiose avec le monde et les autres “voyants”, dans la paix d’une âme pourtant troublée par l’état du monde, se créent une liberté et une musique de vie et de passion là où l’encre, l’eau, l’air, la couleur se mêlent en une traversée. L’oeuvre reste une méditation poétique qui met en contact des plans différents de natures, matières et signes. Elle dessine un réseau d’associations en une création dense d’images ouvertes à toutes les associations réalistes ou légendaires.
Au-delà de l’analyse ou de la recréation, Siméon s’implique totalement avec ses intuitions, son intelligence.
Tout parle, interroge, prend corps, élimine bien des distances. Subsistent une suite de courants et le jet d’une pluie inversée avant que le soleil ne revienne. Ne reste donc que l’essentiel énergisant. Il fait la marque de fabrique d’une oeuvre qui traverse le temps.
Avec Siméon, il n’est pas fini, la poésie le “tend” par des empierrements en arc et des flots remuants par effet de démultiplication en perpétuel mouvement.
jean-paul gavard-perret
Jean-Pierre Siméon, Levez-vous du tombeau, Gallimard, coll. Blanche, 2019.