Le photographe danois M.H. Frøslev propose un livre noir fait d’amour, de désespoir, de vie incertaine de divers laissés pour compte (SDF, noctambules, insomniaques cauchemardeurs plus que rêveurs). La ville (Moscou et Saint Pertersbourg où il vit et travaille) devient un lieu claustrophobe. Il y a là des rues louches, des moments intimes mais vus de manière aussi fractale qu’impressionniste.
“Le livre est ma rencontre avec la métropole, mais c’est aussi une redécouverte de moi-même (…) Je photographie mon désir, ma présence, mon amour et mes peurs. ” écrit M.H.Frøslev à propos de son livre. Et ses “héros” sont des combattants de la nuit, de la vie, de l’amour.
Ils semblent répondre à des injonctions implicites et des comportements peu sûrs. Ils deviennent les ersatz d’une société rongée par la pauvreté ou à l’inverse par l’argent facile. Le livre devient la mise en forme de systèmes d’aliénation dans laquelle la femme semble le plus souvent imbriquée et victime — consentante ou non.
M.H.Frøslev au lieu de coller à une norme suit des chemins de traverse ou perdus. Chacun s’y sent mal dans les clous. Cela oblige à boire beaucoup, à aimer — ou au moins faire l’amour — en quête de moments qui néanmoins ne sont pas forcément les “bons”.
jean-paul gavard-perret
M.H. Frøslev, Unsettled City, www.diskobay.org, 2019, 128 p.