François Debois & Cyrus (scénario), Annabel (dessin), Magus, tome 1 : “Le fossoyeur”

Laissez-vous emme­ner dans le Moyen Age

Le scé­na­rio nous conduit dans la France du XIIIème siècle alors que, sous l’instigation du Pape Inno­cent IV, la lutte contre la sor­cel­le­rie prend un nou­vel essor. Le héros, Sta­nis­las est ainsi le fils d’un sor­cier qui a été lyn­ché quelques années aupa­ra­vant, alors que lui et sa sœur n’étaient que des enfants. Lors de cette exé­cu­tion, sa sœur, confor­mé­ment aux mœurs en usage, s’est vue cou­per la langue. Depuis, bien que les années soient pas­sées, qu’ils soient deve­nus des jeunes adultes, ils res­tent mis au ban de leur vil­lage, objets de cette haine que seule la peur de l’inconnu et de la dif­fé­rence sait susciter.

Ce sta­tut de paria fait qu’à l’occasion d’une rixe Sta­nis­las se retrouve enrôlé de force dans une troupe de Croi­sés sans que nul ne vienne à sa res­cousse. Il va lors décou­vrir la vie épou­van­table de la pié­taille et des champs de bataille. Mais ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il a hérité de son père des pou­voirs étranges, qu’il ne maî­trise pas. Un che­va­lier a senti cette capa­cité et le prend sous sa pro­tec­tion, ce qui lui faci­li­tera un tant soit peu pas la (sur)vie, en par­ti­cu­lier en l’affectant dans le groupe, a priori peu enviable, des fos­soyeurs (d’où le titre du tome).
L’histoire nous est nar­rée avec un rythme extrê­me­ment vif, bien sou­tenu par une mise en page qui prend en charge le mou­ve­ment lui-même. Les per­son­nages ne sont jamais cari­ca­tu­raux, mais cor­res­pondent bien à notre ima­gi­naire (n’est-ce vrai­ment qu’un ima­gi­naire d’ailleurs ?) de ce que pou­vaient être les êtres rustres et durs du Moyen Age. Le des­sin est une mer­veille d’équilibre entre le détail néces­saire et une trop grande sim­pli­fi­ca­tion. Et enfin, la cou­leur !!… ah ! la cou­leur… c’est un camaïeu d’ocres, de bruns, de mar­ron, de terres de sienne qui nous donne l’impression que la terre, la boue qui entourent les per­son­nages vont débor­der de l’image et venir nous enve­lop­per de leur atmo­sphère tour­beuse. Isa­belle Mer­let est la per­sonne en charge de la cou­leur, et, hon­nê­te­ment, son nom méri­te­rait d’être cité en couverture.

De cette bande des­si­née, il n’ya qu’une chose à dire : prenez-là, laissez-la vous emme­ner dans le Moyen Age, et cela mar­chera bien mieux que n’importe quelle machine à remon­ter le temps. Ah, si ! une chose que j’ai détes­tée : les deux der­niers mots qui sont « A SUIVRE ». Je ne veux pas attendre, je ne peux pas attendre, je trépigne !!!

Hervé Souf­flet

   
 

Fran­çois Debois & Cyrus (scé­na­rio), Anna­bel (des­sin), Magus, tome 1 : “Le fos­soyeur”, Glé­nat, 2009, 48 p. — 13,00 euros.

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