Si cet oiseau de proie vous observe dans la nuit, vous êtes mort !
Voici la suite des aventures de l’inspectrice Erika Foster, héroïne découverte dans le très captivant La fille sous la glace. Une suite qui démarre sur les chapeaux de roue, avec le meurtre atroce d’un médecin réputé, découvert nu, asphyxié dans son lit avec un sac plastique, les poignets attachés. Toute l’équipe d’Erika Foster pense à un jeu sexuel qui aurait mal tourné, son chef y compris, mais elle n’est pas de cet avis, et la suite des événements va rapidement lui donner raison.
Quelques jours plus tard, le corps d’un journaliste accro aux scandales, est à son tour découvert dans des circonstances similaires. Aucun point commun apparent entre ces deux hommes, si ce n’est le mode opératoire choisi par le meurtrier. L’enquête prend dès lors une autre tournure, un serial-killer rôde, et il s’en prend à des hommes nantis, qui ont réussi dans la vie, ce qui pousse la hiérarchie d’Erika à lui mettre la pression.
L’été s’est installé sur la capitale, et il pourrait être des plus chauds pour l’inspectrice Foster, qui, une fois encore, met sa carrière, voire sa vie, en péril.
Robert Bryndza a été plébiscité par le grand public britannique et les critiques littéraires dès la sortie du premier volet des enquêtes d’Erika Foster. Vendu à plusieurs millions d’exemplaires outre-Manche, ses romans font des émules partout en Europe, puisqu’il est en cours de traduction dans vingt-sept langues. Ce succès est-il mérité ?
L’héroïne atypique au passé tourmenté et au tempérament fougueux, campée dans un milieu dur et macho, est sûrement l’élément-clef de la réponse. Erika Foster est une femme intègre, qui se voue à son métier, et qui résiste aux pressions de sa hiérarchie, quitte à voir sa demande de promotion échouer. Son flair est digne de celui de Sherlock Holmes, mais elle est loin d’utiliser les méthodes du célèbre détective ou d’avoir son flegme. Autres temps, autres mœurs : la violence, la noirceur, le sexisme font partie du quotidien de celle qui fait passer sa carrière avant sa vie de femme.
L’intrigue bien ficelée de ce deuxième tome et le rythme narratif vif et efficace sont également des atouts de cette histoire. Certes, le premier roman livrait davantage de surprises, ne serait-ce que sur le vécu d’Erika, mais Robert Bryndza sait aussi donner de la consistance à des personnages secondaires surprenants d’humanité, comme le meilleur ami d’Erika, un médecin légiste gay, ou l’ex-femme du médecin assassiné et sa famille inquiétante.
Le romancier livre un second thriller addictif ainsi qu’une étude de mœurs de la société contemporaine, sans épargner la police, constamment exposée aux flashs des médias. Ce page-turner efficace transformera le lecteur à son tour en véritable oiseau de nuit, tant il aura du mal à s’arracher à ce livre.
franck boussard
Robert Bryndza, Oiseau de nuit, Belfond Noir, janvier 2019, 408 p. — 20, 90 €.