Après une première saison de quatre tomes, les éditions Soleil proposent une nouvelle série de quatre albums. Ces récits complets sont conçus autour des thèmes de la robotique et de l’Intelligence Artificielle. Ils doivent paraître au rythme d’un volume par trimestre au cours de l’année 2019, réalisés par quatre équipes d’auteurs.
Le premier volume de cette nouvelle saison est signé par Louis pour le scénario et le dessin, par Sébastien Lamirand pour la couleur. Louis est un familier des mondes spatiaux. Aussi, il envoie son héroïne en mission.
Synn est une androïde de classe Eternity, autoréparante, autosuffisante, autonome en tout. Elle doit définir si la planète joliment dénommée TS-234589, classée Hostile Prime, est colonisable ou pas. Son arrivée est catastrophique, mais sans dommages pour elle compte tenu de ses capacités. Toutefois, elle est surprise car le déclenchement de sa reconstruction se fait avec un léger retard. Elle est pendant quelques secondes sans connaissance. Son vaisseau est détruit. Pourtant, elle a besoin de puissance. Elle reconstitue un androïde avec des éléments de récupération. Elle prend conscience qu’elle l’a construit à la façon des vieux modèles en usage lors de l’époque de la fin de l’humanité.
Synn raconte alors comment l’humanité a accédé à l’immortalité, mais aussi comment elle a fini par s’en lasser et ce qu’il est advenu. Elle appelle son nouvel outil-compagnon Krit, en référence au bruit que faisait l’IA sur les parois restantes du vaisseau. Mais son arrivée tumultueuse et ces quelques secondes d’inconscience amènent Synn à se poser toute une série de questions relatives à son corps (éternel), à son âme (également éternelle). Elle connaît la vie, mais veut connaître la mort et elle commence à se donner les moyens d’y arriver…
Avec cet album et son héroïne, un robot aux formes éclatantes, Louis explore le psychisme de cette machine qui a toutes les qualités, les compétences. Il fait nombre de parallèles avec la fragile nature humaine. S’il raconte un futur fort possible de l’humanité, il introduit aussi toute une réflexion sur la mort, l’incontournable (pour l’instant) contrepartie de la vie. Il donne nombre d’arguments pour cette mort, l’attrait qu’elle offre pour un autre ailleurs et la notion d’âmes sans y greffer tout un fatras de concepts religieux.
Confrontant deux sociétés très opposées, celle d’une machine parfaite et celle d’une tribu préhistorique, il aborde nombre de notions philosophiques sur le sens de l’existence, sur l’interprétation de la mort.
L’auteur base une partie de son récit sur les trois lois édictées par un romancier du XXe siècle, lois toujours en vigueur dans ce lointain futur. Il propose une superbe argumentation pour expliquer les raisons qui ont poussé l’Homme à concevoir des dieux, des créateurs de terre, de l’univers. Il pointe aussi, que dès le début de la vie, l’Homme a toujours cherché un autre responsable que lui. Louis mène ainsi son intrigue avec maestria jusqu’à une conclusion fort bien venue.
Avec un dessin réaliste, il propose une planète hostile, une tribu de Cro-Magnon de belle facture, des robots, des humanoïdes et une faune exceptionnelle. Et met en scène des décors grandioses, tant de l’espace que de la planète, et des luttes sauvages entre une androïde qui cherche la mort et une faune dantesque.
Avec Synn, cette nouvelle saison d’Androïdes débute en fanfare !
serge perraud
Stéphane Louis (scénario et dessin) & Sébastien Lamirand (couleurs), Androïdes – t.05 : Synn, Soleil, coll. Fantastique, janvier 2019, 52 p. – 14,95 €.