Marie-Laure Dagoit est une femme attentive aux soins journaliers. Plus particulièrement ici à ceux qui doivent être consacrés à ce qu’on nomme dessous chics ou beau linge : bas, combinaison, jupon, culotte, soutien-gorge. L’auteure fait même preuve d’une attitude maniaque mais en rien dépressive.
Elle rappelle aux femmes — qu’elles soient fidèles ou volages — comment s’en occuper après divers ébats. De tels objets du désir (fétichistes ou plus sobrement de charme) peuvent facilement se déformer. C’est pourquoi, sans forcément les laver à grande eau après chaque séance — leur fragilité est peu propice à l’outrance du Woolite -, il convient de les sécher de diverses sécrétions intimes, de les aérer voire de les battre “pour enlever la salive qui a pénétré le tissu” puis les brosser doucement.
De telles étoffes de confidence permettent à l’auteure de donner une sorte de conférence implicite sur les champs sémantiques du désir ou de ses effets secondaires. Preuve que l’Attentive perfectionniste prend tout au sérieux. Car, afin que l’amour étonne toujours, ses “outils” doivent conserver leur impeccabilité.
Il y a là des règles d’or à suivre : le faire n’est pas perdre son temps et son énergie mais se donner les moyens de réussir chaque fois les assauts inépuisables que la volupté génère et régénère. En conséquence, les dessous ne doivent pas inquiéter et rendre les fins d’émoi douteux.
La discipline envers le textile intime devient donc l’expression pré– et post– érotique. Grâce à une telle attention et gestion, tout sera bon dans le jambon et chez la charcutière qui, de la sorte, sacrifie à tous les péchés sauf celui de la médiocrité.
jean-paul gavard-perret
Marie-Laure Dagoit, Entretien des lingeries (couverture au choix Mirka Lugosi ou Gilles Berquet), Derrière la salle de bains, Rouen, 2019 — 5,00 €.