Régis Hautière & Adrián, L’Orphelin de Perdide — t.02 : “Silbad”

Arri­ver à temps… ?

Régis Hau­tière prend quelques liber­tés avec l’intrigue du roman de Ste­fan Wul et pro­pose une adap­ta­tion qui, sans perdre l’esprit du récit ini­tial, pri­vi­lé­gie l’action. Il met en scène des com­bats, des fusillades, des pour­suites éper­dues par­ti­cu­liè­re­ment toniques. Il pro­pose des per­son­nages sup­plé­men­taires, les inté­grant de belle manière dans le dérou­le­ment de l’histoire.
Outre les nom­breuses péri­pé­ties, le scé­na­riste ins­tille quelques remarques ins­pi­rées du quo­ti­dien de notre société. Par exemple, ces socié­tés déte­nues par des groupes finan­ciers qui n’ont pas d’autres objec­tifs que le pro­fit obs­cène et immé­diat. Celles-ci décident de fer­mer des sites de pro­duc­tion qui, à leurs yeux, ne sont plus suf­fi­sam­ment ren­tables, sans se pré­oc­cu­per le moins du monde du deve­nir de ceux qui y tra­vaillent. Il évoque aussi la revanche que peuvent prendre cer­tains indi­vi­dus plus faibles quand l’occasion leur est pré­sen­tée et qui bloque toute situa­tion évo­lu­tive pour ne pas perdre leur sta­tut. N’est-ce pas le cas de nombre d’élus et politiciens ?

Max, le contre­ban­dier, a été contraint d’atterrir sur Gamma 10, une pla­nète aride. Mar­tin et Belle, les deux pas­sa­gers, en pro­fitent pour s’échapper. Mar­tin est tué et Belle est cap­tu­rée par un groupe d’hommes. Max veut aller cher­cher la jeune femme, mais sur­tout l’œuf, le seul moyen de res­ter en contact avec Claudi, le petit gar­çon de quatre ans resté seul sur Per­dide à des mil­lions de kilo­mètres. Belle est rete­nue par des anciens bagnards qui ont été aban­don­nés sur Gamma 10 lorsque la com­pa­gnie minière a jugé que l’exploitation n’était plus ren­table.
Grub­ber s’est imposé comme le maître absolu de la petite com­mu­nauté car il a appri­voisé un de ces vers géants qui truf­faient le sous-sol de la pla­nète. Il la bap­tisé La Petite. Max s’est intro­duit dans la cité sou­ter­raine après avoir pro­grammé, pour Sil­bad, un décol­lage dans vingt-quatre heures. Il est rapi­de­ment fait pri­son­nier. Grub­ber sent une cer­taine ten­sion dans ses troupes depuis la cap­ture de Belle car la jeune femme éveille, bien mal­gré elle, des concu­pis­cences. Il décide de faire livrer un com­bat entre sa Petite et Max, sorte de com­bat de gla­dia­teur contre fauve…

Le des­sin est réa­lisé par Adrián, un des­sin qui rap­pelle celui d’Alberto Varanda, un maître dans l’illustration d’aventures spa­tiales. Les bagarres sont par­fai­te­ment ren­dues, le com­bat entre Max et le ver est remar­qua­ble­ment mené, dia­ble­ment tonique. Les per­son­nages sont réduits à des sil­houettes mais ils tra­duisent l’essentiel par leur ges­tuelle et par les mimiques fort par­lantes.
C’est avec la cou­leur qu’il donne une troi­sième dimen­sion à ceux-ci. Il insuffle, ainsi, un dyna­misme sup­plé­men­taire au scé­na­rio et pro­pose des décors spa­tiaux de belle fac­ture de même que des vais­seaux singuliers.

Avec Sil­bad, les auteurs offrent un récit pas­sion­nant à la conclu­sion tou­jours aussi sur­pre­nante. Un bien beau diptyque !

serge per­raud

Régis Hau­tière (scé­na­rio)&  Adrián (des­sin et cou­leur), L’Orphelin de Per­dide — t.02 : Sil­bad, Glé­nat coll. “Hors Col­lec­tion”, jan­vier 2019, 56 p. – 14, 50 €.

Leave a Comment

Filed under Bande dessinée

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>