Régis Hautière prend quelques libertés avec l’intrigue du roman de Stefan Wul et propose une adaptation qui, sans perdre l’esprit du récit initial, privilégie l’action. Il met en scène des combats, des fusillades, des poursuites éperdues particulièrement toniques. Il propose des personnages supplémentaires, les intégrant de belle manière dans le déroulement de l’histoire.
Outre les nombreuses péripéties, le scénariste instille quelques remarques inspirées du quotidien de notre société. Par exemple, ces sociétés détenues par des groupes financiers qui n’ont pas d’autres objectifs que le profit obscène et immédiat. Celles-ci décident de fermer des sites de production qui, à leurs yeux, ne sont plus suffisamment rentables, sans se préoccuper le moins du monde du devenir de ceux qui y travaillent. Il évoque aussi la revanche que peuvent prendre certains individus plus faibles quand l’occasion leur est présentée et qui bloque toute situation évolutive pour ne pas perdre leur statut. N’est-ce pas le cas de nombre d’élus et politiciens ?
Max, le contrebandier, a été contraint d’atterrir sur Gamma 10, une planète aride. Martin et Belle, les deux passagers, en profitent pour s’échapper. Martin est tué et Belle est capturée par un groupe d’hommes. Max veut aller chercher la jeune femme, mais surtout l’œuf, le seul moyen de rester en contact avec Claudi, le petit garçon de quatre ans resté seul sur Perdide à des millions de kilomètres. Belle est retenue par des anciens bagnards qui ont été abandonnés sur Gamma 10 lorsque la compagnie minière a jugé que l’exploitation n’était plus rentable.
Grubber s’est imposé comme le maître absolu de la petite communauté car il a apprivoisé un de ces vers géants qui truffaient le sous-sol de la planète. Il la baptisé La Petite. Max s’est introduit dans la cité souterraine après avoir programmé, pour Silbad, un décollage dans vingt-quatre heures. Il est rapidement fait prisonnier. Grubber sent une certaine tension dans ses troupes depuis la capture de Belle car la jeune femme éveille, bien malgré elle, des concupiscences. Il décide de faire livrer un combat entre sa Petite et Max, sorte de combat de gladiateur contre fauve…
Le dessin est réalisé par Adrián, un dessin qui rappelle celui d’Alberto Varanda, un maître dans l’illustration d’aventures spatiales. Les bagarres sont parfaitement rendues, le combat entre Max et le ver est remarquablement mené, diablement tonique. Les personnages sont réduits à des silhouettes mais ils traduisent l’essentiel par leur gestuelle et par les mimiques fort parlantes.
C’est avec la couleur qu’il donne une troisième dimension à ceux-ci. Il insuffle, ainsi, un dynamisme supplémentaire au scénario et propose des décors spatiaux de belle facture de même que des vaisseaux singuliers.
Avec Silbad, les auteurs offrent un récit passionnant à la conclusion toujours aussi surprenante. Un bien beau diptyque !
serge perraud
Régis Hautière (scénario)& Adrián (dessin et couleur), L’Orphelin de Perdide — t.02 : Silbad, Glénat coll. “Hors Collection”, janvier 2019, 56 p. – 14, 50 €.