Une voix off, qui se présente comme Christophe Honoré, s’interroge sur les idoles de sa jeunesse, dans les années 1980, tous morts du sida. Nous sommes là pour leur rendre hommage. Une évocation de la fin de vie, comme un requiem de vivants. Bien sûr, on est après la mort ; d’après les mots de l’auteur, il s’agit de théâtre « nécromantique ».
Les artistes disent la difficulté de vivre avec la maladie devenue celle de la honte : une maladie des peurs, une maladie sociale. Une série de témoignages d’auteurs, qui expliquent leur œuvre et leur existence, comme si l’art ne pouvait jamais être d’un ordre autre que celui de la consumation de soi. Des moments de vrai, où le corps se dit quand il est face à la menace, où chacun se définit par sa propre disparition.
Cette danse de mort rappelle avec bonheur des moments de fête, des instants de joie, des saillies impudiques. Elle explore avec délicatesse les différentes attitudes face au réel, face à la déchirure intime du plaisir devenu macabre. Des changements de registre, des passages intimistes, des chorégraphies baroques, élaborent progressivement un spectacle-confidence, un art-mémoire, une représentation-méditation.
Délibérément répétitif, le propos se joue de lui-même, se prend à son propre jeu : il devient une ritournelle sentimentale, comme s’il fallait retenir à tout prix ce dont on n’imagine pas pouvoir se passer. On en saisit la louable intention. Ce qui n’empêche pas l’un de bouder sa satisfaction, tant la démarche, édifiante initialement, en vient à lui paraître lassante dans son redéploiement incessant. Tandis que l’autre y a trouvé justement un plaisir pareil à celui que lui procure l’écoute en boucle d’une chanson qui lui restera longtemps en tête.
christophe giolito & manon pouliot
Les idoles
de Christophe Honoré
Mise en scène
Christophe Honoré
Avec :
Youssouf Abi-Ayad, Harrison Arévalo, Jean-Charles Clichet, Marina Foïs, Julien Honoré, Marlène Saldana
Scénographie Alban Ho Van ; dramaturgie Timothée Picard ; lumière Dominique Bruguière ; costumes Maxime Rappaz ; collaboration à la mise en scène Teddy Bogaert.
Au théâtre de l’Odéon, place de l’Odéon, 75006 Paris, du 11 janvier au 2 février 2019.
A 20h du mardi au samedi, 15h le dimanche.
Surtitrage en anglais les samedis 26 janvier à 20h et 2 février à 14h30.
+33 1 44 85 40 40 https://www.theatre-odeon.eu/fr/saison-2018–2019/spectacles-1819/les-idoles
Production Comité dans Paris, Théâtre Vidy-Lausanne, coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe, Théâtre National de Bretagne, TAP – Théâtre Auditorium de Poitiers, La Comédie de Caen – CDN de Normandie, TANDEM – scène nationale, Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées, Le Parvis Scène nationale Tarbes-Pyrénées, La Criée – Théâtre National de Marseille, MA scène nationale – Pays de Montbéliard, avec la participation artistique du Jeune théâtre national, avec le soutien du Cercle de l’Odéon.
Tournée :
Du 13 au 22 septembre 2018 au théâtre Vidy Lausanne https://vidy.ch/les-idoles ; les 3 et 4 octobre 2018 Le Parvis Scène Nationale Tarbes-Pyrénées (FR) ; du 10 au 13 octobre 2018 ThéâtredelaCité CDN Toulouse Occitanie (FR) ; du 8 au 10 novembre 2018 La Criée — Théâtre National de Marseille (FR) ; du 15 au 17 novembre 2018 TANDEM, scène nationale, Douai (FR) ; du 23 au 30 novembre 2018 Théâtre national de Bretagne, Rennes (FR) ; du 12 au 14 décembre 2018 TAP — Théâtre et auditorium de Poitiers (FR) ; du 11 janvier au 2 février 2019 Odéon — Théâtre de l’Europe, Paris (FR) ; les 6 et 7 février 2019 Comédie de Caen (FR) ; les 14 et 15 février 2019 MA avec Granit, Scènes nationales de Belfort et de Montbéliard (FR).