Jacquie Barral domine totalement le dessin. Elle s’y fait impériale, ce qui ne l’empêche pas de jouer avec comme avec sa propre image. Après le musée Rigaut de Perpignan jusqu’au 19 février 2019, elle exposera en mars à la galerie Odle Oms à Céret. La plasticienne tire de l’histoire de l’art figé, perdu des empreintes vivantes.
Et lorsque l’artiste semble gratter la chair des vieilles images, ce n’est pas pour créer un tas d’os. En fragment ou en montage, l’artiste transforme ses pensées spéculatives selon diverses ponctuations souvent drôles, au second degré mais où tout un ordre caché de son monde intérieur transparaît.
Les dessins poussent le regardeur dans les retranchements de son inconscient et il se peut bien que la créatrice, en subtile traîtresse, le pousse à des possibilités de contresens. Mais après tout, ce qui compte reste l’ivresse. Haro sur le squelette, il faut que la volupté des formes demeurent.
Certes, il ne s’agit pas de spectacle érotique mais d’une certaine façon nous n’en sommes pas loin. Comme une capitaine de frégate, l’artiste secoue la mousse en haillon, fouette des images pour que les Vénus et les Ogres trouvent un autre statut ou vertu.
Chaque dessin pose la question de la présence au monde. Dans l’expérimentation graphique, la distance remplace la présence. Avec hésitation ? Ou plutôt impossibilité de séparer l’une de l’autre ? Pas sûr.
Le dessin découd, recoud, flaire la douce odeur de l’ombre sans renier le soleil dans un abécédaire plastique mutant.
jean-paul gavard-perret
Jacquie Barral, Le dessin pur, Musée Hyacinthe Rigaud Perpignan, jusqu’au 17 février.
Un leporello Editions Voix Richard Meier accompagne l’exposition.