Ana Tot n’y va pas de main morte pour créer entre copules et conjonctions des couples que la syntaxe déplore mais que souvent les seins axent. La Vaugelarienne jette le manche avant la cognée. Malgré tout, le premier ne se fait pas le mâle et elle le met dans sa poche au moment où elle essuie sa manche sur sa bouche dont le flux montant de ce que les autres Ava nient nous fait marrer.
On peut alors, induits par la poétesse, rêver de partir en limousine en pays Limousin. Nous pouvons même espérer la glisser dans un lit de mousseline où un vénénoeud pourrait faire gicler ses humeurs mâlignes. Bref, nous pouvons parler d’ ecce homo dans un humus propre à générer un gland garçon lorsque les grands glaçons d’un breuvage aphrodisiaque deviennent le prélude de moments paradisiaques..
Dans les paires de mots possibles proposées par Ana, toutes les hypothèses complotistes sont possibles. La langue s’homophonise là au” au bout du bout” le vient-et-“va geint”. Finie ainsi la déprime car le teint thym tient tandis qu’une partenaire — à mie câline — trouve en une brioche son pain blanc. Preuve qu’il n’y a pas que les mots à introduire l’anaphore dans le morceau de miche pour le micheton ou le fort des halls (et des alcôves) toujours ouverts aux chiasmes (il suffit qu’on sonne au bon endroit).
Preuve, comme le rappelle l’auteure, qu’elle ne nia rien de ce qu’il n’y a rien à dire. Ce qui n’empêche pas aux discours de se poursuivre sans être pris comme chez les poètes mal armés pour des coups de dés faux. De guère lasse chacun abat l’abus d’abats en écoutant — faute de mieux — Abba dont les deux chanteuses ont avec le temps des obus bien bas (sauf lorsqu’elles lèvent les bras). Mais si c’est bien là que le bât blesse il serait odieux des les envoyer à l’abattoir.
L’auteure n’en à cure de jouvence. Elle se fait abbesse ou soeur Sourire dont, nez en moins, l’hélix sire vaut plus que certaines farces en frac oulipiennes. Sous les jeux de mots, les maux entrent en jeu. Il existe ainsi un strip-tease de l’âme au moment même où la société est mise à nu.
Résumons : Ana Tot offre sa pincée de selle dans les couches-culottes d’une société qui fait sous elle.
jean-paul gavard-perret
Ana Tot, Mottes, mottes, mottes, Editions Le grand os, 2019, 118 p. — 12,00 €.