Sophie Calle reine de Marseille (5 expositions)

Entre la peur et  la perte

Celle qui a l’odeur de sain­teté en hor­reur va du 26 jan­vier au 22 avril 2019 régner sur Mar­seille à tra­vers cinq expo­si­tions. Elle ins­taure dans les dif­fé­rents espaces une sorte de “por­no­gra­phie” si on entend par là qu’elle donne à voir de la façon la plus crue ce qui échappe à la vue.
Tou­te­fois, rien de sexuel (ou peu) dans ce que l’artiste dit ici de sa mère, de sa vie intime (à tra­vers des objets), des hommes (et leurs attentes émises dans “Le Chas­seur Fran­çais”). L’artiste, plus que de s’exposer, n’a cesse d’entrer dans la vie d’autrui — comme par exemple celle des habi­tants d’Istambul qui en dépit du carac­tère mari­time de leur ville n’ont pas encore vue la mer et qu’elle filme lors de leur pre­mière expérience.

Sophie Calle cherche sans doute tou­jours à rêver l’altérité mais sans voyeu­risme. Fan­tôme ou réa­lité, l’autre sert donc d’appât à une iden­tité qui ne se défi­nit que par ses dépôts dont elle dresse les états.C’est là une manière de rejouer une his­toire à l’aide de frag­ments et ves­tiges, une his­toire qui demeu­rera opaque à tra­vers une œuvre d’essence par­fai­te­ment auto­bio­gra­phique mais qui se refuse de racon­ter quoi que ce soit qui res­sem­ble­rait à une confi­dence trop intime.
Lorsque celui-ci est abordé, c’est tou­jours avec ironie.

L’œuvre rejoue quelque chose qui reste l’inaccessible par excel­lence mais elle ne le fait pas par le biais d’une repré­sen­ta­tion au sens cou­rant du terme. Sophie Calle met en scène de « pauvres indices ». Ils demeurent trop opaques pour per­mettre une acces­si­bi­lité au secret.
Ce tra­vail rap­pelle que toute porte pous­sée recèle non une inti­mité frac­tu­rée mais quelque chose d’autre qui pour­rait bien se révé­ler de l’ordre de la peur ou de la perte.

jean-paul gavard-perret

Sophie Calle, 5 expo­si­tions solos à Mar­seille –janvier-avril 2019 : Musée Grobet-Labadié, musée des Beaux-Arts, Muséum d’Histoire natu­relle, Cha­pelle du centre de la Vieille Cha­rité, châ­teau Borély.

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