Jacques, l’inventeur de l’art sonic sous les dentelles qu’en faisant le Jack il éventre, nous ramène à celle dont, selon lui, chacun se souvient mais que, pour ma part, je ne soupçonnais même pas : “Mosca la mouche aux mille regards”. Quand elles existaient encore, enfants nous nous contentions de la chasser d’une main quand elle se posait sur nos tartines de confiture de coings ou sur nos clafoutis aux prunes.
Néanmoins, la mouche générique évoquée par notre nouveau comte Mosca convient parfaitement au regard de tout artiste. Et si je me rappelle bien des cours de sciences vivantes (qui avaient pour titre ce nom inadéquat puisque nous passions notre temps à y zigouiller souris ou lombrics), Cauda ne s’est donc pas mis le doigt dans l’œil et ses élucubrations n’ont rien de farcesques.
La mouche est donc selon notre voyant la bonne à tout faire de l’artiste. A la fois par ses prises de vues, ses mains aux fesses mais aussi pour “son goût de métal”. Et l’auteur d’en préciser la senteur “proche du bois pétrifié”. L’insecte est donc le modèle sublimé de la peinture d’autant — nous dit le spéculateur précoce — que, pondant sur une table d’atelier ou sur un bout de barbaque, elle offre au spectateur privilégié de l’art en train de naître “une histoire de tautologie retournée”.
D’aucuns diront que Cauda nous fait gober n’importe quoi. Mais pas plus qu’il ne jette Giotto avec l’eau de son bain, il prouve — tel Yo-nesco — que l’avenir de l’art est dans les oeufs. L’insecte vivipare demeure à la fois actant et résultant. Bref, il sert d’épître au pensionnat du nouvel apôtre Jacques.
Notons que, pour une fois, ce môme au chrome se retient de toute figure grivoise. Les mouches, il ne les encule pas. En leur nom nous lui en rendons grâce.
jean-paul gavard-perret
Jacques Cauda, Mosca Moncul, Editions Furtives, Besançon, 2019 — 5,00 €.