Aventures et humour en milieu rural
Marie-Madeleine Madoc Miremont est seule avec huit enfants. Son routier de mari a pris définitivement la route. Elle habite dans l’ancienne maison de son père qui était garde-barrière. Pour améliorer l’ordinaire, elle cultive des épinards parce que ce légume pousse bien et toute l’année. Elle fait, depuis peu, des tartes qu’elle essaie de vendre sur le marché de Machy, cette petite commune de l’Aube. Un jour, un livreur lui amène un paquet venant de Somalie et contenant des plantes. Leur trouvant bon goût, elle décide de les utiliser pour agrémenter ses tartes.
Le candidat à la députation, M. Matemale, vient faire campagne sur le marché. Il est poussé par son conseiller en communication à goûter les produits locaux. Il va tester, contre son gré, une part de tarte de Marie-Madeleine. Il est pris alors d’euphorie au point de dévoiler, à une journaliste, ses combines électives. Mais il popularise la tarte.
Chaque semaine un nouveau paquet arrive. Sarah, la fille la plus éveillée de la fratrie, découvre qu’il s’agit de khat, une drogue. Mais les véritables destinataires…
Ce premier tome dont le titre penche du côté de James Bond permet de faire connaissance avec l’héroïne, ses huit enfants et la galère quotidienne pour subvenir aux besoins de base d’une telle fratrie. Aussi, pour ne plus dépendre que des allocations familiales, Marie-Madeleine fait des tartes. Quand l’occasion se présente d’améliorer l’ordinaire, elle ne veut pas s’en priver. Elle ignore tout des circonstances qui lui amènent cet additif addictif. Selon Wikipédia, le khat est un stimulant qui procure du bien-être, qui renforce la vigilance, l’énergie et l’estime de soi.
Philippe Pelaez imagine nombre de péripéties autour de la vente de ces tartes aux effets dynamiques. C’est le monde du marché avec l’homme politique qui ne fréquente celui-ci qu’en période électorale. Autour de l’héroïne, le scénariste conçoit une galerie de personnages intéressants, aux portraits bien équilibrés. Avec les huit enfants de Marie-Madeleine il a du potentiel depuis la fille douée au grand dadais aux doigts dans le nez… .
Si l’auteur en fait une mère de famille attentive à l’éducation de ses enfants, il la présente avec peu d’instruction et de culture générale, lui donnant un mal fou avec les proverbes et autres maximes. Le graphisme semi-réaliste de Javier Casado, qui assure dessin et couleur, est expressif. Il offre des poursuites, des scènes d’action dynamiques, donne une belle vivacité à ses personnages. Le cadre et les décors sont bien adaptés au scénario et il restitue avec brio l’ambiance de la petite cité, l’atmosphère familiale.
Une bonne surprise, un bel album, une comédie agréable avec des groupes de personnages aussi attachants que repoussants.
serge perraud
Philippe Pelaez (scénario) & Javier Casado (dessin et couleur), Un peu de tartes aux épinards – t.01 : Bons baisers de Machy, Casterman, janvier 2019, 48 p. – 11,95 €.