Eckmül, libérée de l’emprise de Lylth vaincue, retrouve sa vitalité sous l’impulsion des Sages du Conservatoire. Le seigneur Dëhvano veut faire lire son avenir par le mage Haruspice qui voit, dans les entrailles d’un pekari colossal, le destin de Lanfeust. Celui-ci doit continuer la guerre et se battre contre… son fils. Surgissent alors des millions de petites Lylth bleues, un croisement entre les Banshees et la déesse, qui attaquent les humains pour tuer.
Dans l’urgence, pour éviter qu’elles assassinent tous les habitants de Troy, Odegreh le Sage a l’idée d’utiliser des marins ayant des pouvoirs de zéphyrs, pour créer une tempête qui éloigne les prédatrices. Mais il faut les éliminer.
Les dieux se détendent dans la cité balnéaire de Paÿtoushëh. Certains sont convoqués pour un conseil restreint où Lanfeust a sa place. Ils finissent par proposer une solution qui présente cependant de larges incertitudes et comporte de graves dangers pour celui qui doit la mettre en œuvre. Et Glin, le fils de Cixi et Lanfeust, complote contre eux. Une fois encore, le héros pourra-t-il sauver le monde, débarrasser Troy de ce terrible danger ?
Cet album signe la fin de la troisième saison. Le héros aura-t-il l’honneur d’animer une quatrième série ? Il faut attendre, sachant que le dessinateur emblématique semble attiré par d’autres projets. Pour l’heure, le scénariste s’est une fois encore déchaîné avec l’invention de péripéties cocasses qui donnent lieu à des dialogues savoureux, aux nombreux sous-entendus, ou jeux de mot, parfois éculés mais qui, dans le contexte, s’intègrent et amusent. Une partie de l’intrigue se déroule dans la partie sud du royaume, ce qui autorise un vocabulaire avec accent. C’est hilarant !
Le fleuve Pic offre à Arleston, avec ses chutes, ses falaises et surtout ses grottes, des assemblages fort plaisants. Il n’est pas en reste de trouvailles pour les expressions : “Nom d’un collègue !” quand un dieu jure. Pour se déplacer, les personnages sont amenés à prendre une sorte de cabine de diligence montée sur un mille-pattes géant. Mais, celle-ci, selon la bonne vieille tradition du western, est attaquée par un nain qui ne prend que le nécessaire pour vivre. Les passagers d’ailleurs, le conseillent sur ce qu’il vaut mieux prendre.
Le scénariste s’inspire aussi de la vie quotidienne, fait des allusions, citant par exemple, la vis en trop chère en référence à un célèbre concepteur de mobilier en kit. Il évoque, avec un humour corrosif le centre du monde, le faisant définir d’une manière trop répandue.
Le dessin de Didier Tarquin a bien évolué depuis les premiers albums. S’il a bien synthétisé la représentation de ses personnages, il a gagné dans la conception des décors, dans le dynamisme des mouvements, produisant des vignettes puissantes où chaque détail compte.
Un bel album qui procure un bon moment de détente, une jolie BD de comédie au ton pétillant, au dessin particulièrement savoureux.
serge perraud
Christophe Arleston (scénario), Didier Tarquin (dessin), Lyse (couleurs), Lanfeust odyssey — t.10 : Un Destin karaxastin, Soleil, coll. Lanfeust – Univers de Troy, novembre 2018, 56 p. – 14,95 €.