Tribus amérindiennes en perdition
Le commissaire d’un musée français, accompagné de la conservatrice, visite la réserve du Musée des Beaux-arts d’Ottawa – l’occasion pour les spectateurs de découvrir des œuvres de Joseph Légaré, peintre canadien du 19ème siècle ayant pris pour sujet le peuple amérindien. Puis, on aborde le Canada en en revisitant certains clichés de façon kitch ou grotesque. Le décor est planté – c’est le cas de le dire. Ensuite, les éléments mobiles permettent aux comédiens de le remodeler rapidement lors des changements de lieu et de scène ; ainsi passe-t-on promptement d’un coffee-shop à un poste de police à une porcherie.
Les saynètes constituent des approches initialement décousues pour reconstituer les fragments d’une histoire perdue, celle des peuples autochtones. Au lieu d’affronter l’impossibilité de dire la désappropriation culturelle, Robert Lepage et la troupe du Théâtre du Soleil ont choisi de dépeindre la déchéance des descendants d’autochtones en perdition aux marges de notre société. Peu à peu, les fragments présentés se relient pour constituer un scénario digne du polar le plus noir. L’enquête porte sur un criminel suspecté de nombreux crimes de prostituées.
La fresque prend peu à peu de l’ampleur ; le témoignage de proches des disparues est l’occasion de reconstituer des bribes de l’histoire des tribus amérindiennes du Canada. Le spectacle, cependant, malgré sa richesse, toutes les astuces du décor, les facéties inscrites dans le propos dramatique ne trouve pas son rythme. Assez démonstrative, la représentation se révèle empreinte de bonnes intentions. La pièce est comme un buffet où tout est posé, enrobé, relié mais non tissé.
De nombreuses pistes sont ouvertes, sans toujours être exploitées. Le propos exposé, presque disposé, paraît non suffisamment construit. Les comédiens, s’ils habitent bien leur personnage, semblent parfois empêchés par les options de mise en scène de trouver la complicité de jouer ensemble. La démarche manque d’entrain, ses enjeux donnent l’impression de se disperser sans pour autant que l’ensemble ne manque de teneur.
christophe giolito & manon pouliot
Kanata – Épisode I – La controverse
Robert Lepage et le Théâtre du Soleil
Avec les comédiens du Théâtre du Soleil, c’est-à-dire, par ordre d’entrée en scène :
Shaghayegh Beheshti (Leyla Farrozhad, restauratrice au musée des Beaux-Arts du Canada)
Vincent Mangado (Jacques Pelletier, commissaire d’exposition)
Martial Jacques (Tobie, un documentariste)
Man Waï Fok (la propriétaire)
Dominique Jambert (Miranda, une artiste peintre)
Sébastien Brottet-Michel (Ferdinand, un comédien)
Eve Doe Bruce (Rosa, une assistante sociale au centre d’injections)
Frédérique Voruz (Tanya Farrozhad)
Sylvain Jailloux (le coach d’accent ; un travailleur social au centre d’injections)
Astrid Grant (Newman, la commissaire de police ; la directrice du centre d’injections)
Duccio Bellugi-Vannuccini (Marcello, un policier)
Omid Rawendah, Taher Baig, Aref Bahunar, Jean-Sébastien Merle, Saboor Dilawar(les autres policiers)
Maurice Durozier (Robert Pickton)
Shafiq Kohi et Sayed Ahmad Hashimi (les serveurs du restaurant)
Seear Kohi (le coach de jeu ; un gendarme royal du Canada)
Miguel Nogueira, Omid Rawendah, Ghulam Reza Rajabi, Shafiq Kohi, Sayed Ahmad Hashimi (les apprentis comédiens)
Alice Milléquant (Sarah, l’amie de Tanya)
Arman Saribekyan (Ariel, le pharmacien de Hastings Street ; un missionnaire Oblat)
Ghulam Reza Rajabi (Ken, l’ami de Sarah)
Shafiq Kohi (un dealer à Hastings Street)
Nirupama Nityanandan (Louise)
Andrea Marchant et Agustin Letelier (les fonctionnaires de la morgue)
Camille Grandville (une comédienne ; une assistante sociale au centre d’injections)
Ana Dosse (la productrice)
Jean-Sébastien Merle (un gendarme royal du Canada)
Et dans Hastings Street :
Aline Borsari, Ana Dosse, Camille Grandville, Andrea Marchant, Wazhma Tota Khil, Astrid Grant et Omid Rawendah, Taher Baig, Aref Bahunar, Sayed Ahmad Hashimi, Jean-Sébastien Merle, Miguel Nogueira, Saboor Dilawar, Agustin Letelier, Samir Abdul Jabbar Saed
© Théâtre du Soleil, Michèle Laurent
Dramaturgie, Michel Nadeau
Direction artistique, Steve Blanchet
Scénographie et accessoires, Ariane Sauvé, avec Benjamin Bottinelli, David Buizard, Martin Claude, Pascal Gallepe, Kaveh Kishipour, Étienne Lemasson et l’aide de Judit Jancsó, Naweed Kohi, Thomas Verhaag, Clément Vernerey, Roland Zimmermann
Peintures et patines, Elena Antsiferova, Xevi Ribas, avec l’aide de Sylvie Le Vessier, Lola Seiler, Mylène Meignier
Lumières, Lucie Bazzo, avec Geoffroy Adragna, Lila Meynard
Musique, Ludovic Bonnier
Son, Yann Lemêtre, Thérèse Spirli, Marie-Jasmine Cocito
Images et projection, Pedro Pires, avec Étienne Frayssinet, Antoine J. Chami, Vincent Sanjivy, Thomas Lampis, Gilles Quatreboeuf
Surtitrage, Suzana Thomaz
Costumes, Marie-Hélène Bouvet, Nathalie Thomas, Annie Tran
Coiffures et perruques, Jean-Sébastien Merle
Souffleuse et professeure de diction, Françoise Berge
Assistante à la mise en scène, Lucile Cocito
Au Théâtre du Soleil, La cartoucherie, Route du Champ de Manœuvre, Bois de Vincennes, 75012 Paris
À partir du 15 décembre 2018, du mercredi au vendredi à 19h30, le samedi à 15h et à 20h, le dimanche à 13h30.
Location : individuels 01 43 74 24 08 ; collectivités, groupes d’amis 01 43 74 88 50 et sur Théâtre Online ou Fnac
Merci aux élèves et anciens élèves du diplôme de technicien des métiers du spectacle du Lycée Léonard de Vinci (Paris), Louise Morizot, Alexis Delair, Mathilde Apert, Noémie Notseck, Emeline Jenger, Gaëlle Lebris, Mathilde Coursault, Théophile Carrot et Caroline Siau et leurs professeurs Anne Bottard, Thierry Decroix, Julie Strauss et Franck Vallet ;
Merci aux élèves de 4e et 5e année de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs et leurs professeures Elise Capdenat et Annabel Vergne ;
Merci à l’Association Gaïa (Hôpital Lariboisière) ;
Merci à Marie Germain, Clément Laillet, Saphir Reid, Faustine Roux, Joséphine Guin, Esther Genoux, Emeline Antiopermo, Adèle Billot-Morel, Salomé Vanderdriessche, Ming Liang, Melissa Nibbio, Noémie Jarry, Emma Chapon, Baptiste Di Nicolo, Alice Jeannerat (renforts à la couture) ; Martine Loit (renfort aux accessoires) ; Mordjane Djaouchi (conseil en acrobatie) ; Rea Nolan (consultante en dialectes anglais) ; Catherine Schaub et Erhard Stiefel.
Le développement du projet a bénéficié de l’apport d’Ex Machina ; à ce titre, ont aussi participé à la création : David Leclerc (vidéo), Olivier Bourque et Mateo Thébaudeau (direction technique), Benoît Brunet-Poirier (régie vidéo), Gabrielle Doucet (réalisation du tableau), Virginie Leclerc (accessoires), Rick Miller (voix de Robert Pickton), Marie-Soleil Bélaner (musicienne — erhu), Tommy Gauthier (musicien — violon), Viviane Paradis (production).
Avec le soutien du Centre des Arts de Banff, Alberta (Canada) et des programmes culturels de l’Université Simon Fraser Woodward, Vancouver (Canada).
À toutes les grandes affaires, Charles-Henri Bradier
Les affaires techniques et organisatrices, Étienne Lemasson, avec l’aide de Pascal Gallepe
Les affaires administratives, Astrid Renoux, avec l’aide de Joséphine Supe, et les affaires comptables, Rolande Fontaine
Les affaires publiques, Liliana Andreone, Sylvie Papandréou, Svetlana Dukovska, Margot Blanc
Les affaires internationales, Elaine Méric
Les affaires éditoriales, Franck Pendino
Les affaires locatives, Maria Adroher Baus, Eugénie Agoudjian, Pedro Castro Neves
Les maîtres du bar et des cuisines, Karim Gougam, Paban das Baul, Mimlu Sen, Hélène Cinque
L’affiche et le tract publicitaire, Thomas Félix-François
Le grand soigneur, Marc Pujo
La photographe, Michèle Laurent
Les brigades alternées du bar, Maixence Bauduin, Lucas Dardaine, Magdalena Galindo, Farid Gul-Ahmad, Azizulah Hamrah, Alain Khouani, Naweed Kohi, François Lepage, Quentin Lashermes, Ya-Hui Liang, Justine Louvel, Vijayan Pannikkaveettil, Valérie Pujol, Masoma Rezaie, Shohreh Sabaghy, Kristina Skorikova, Martin Van Eeckhoudt
L’intendance et l’entretien, Dickey Khanchung, Janos Nemeth, Nora Sandholm-Azémar
La ronde de nuit (alternée), Nowrouz Soltan, Hakim Beg Rahmani, Mohd Haroon Amanullah
Crédits :
Témoignages vidéo de survivants de pensionnats autochtones au Canada, projet Where Are The Children ?, The Legacy of Hope Foundation
Fats Domino, Blueberry Hill (1956), interprété par Stéphane Brulotte (voix et piano)
Cornelius Krieghoff, Un chasseur huron-wendat appelant l’original, vers 1868, estampe, Collection Musée McCord
Henry-Daniel Thielcke, Présentation d’un chef nouvellement élu au Conseil de la tribu huronne de Lorette, 1840, huile sur toile, Château Ramezay
Joseph Légaré, Josepthe Ourné, vers 1840, huile sur toile, National Gallery of Canada
Production Théâtre du Soleil, avec le Festival d’Automne à Paris
Coproduction Printemps des Comédiens (Montpellier), Napoli Teatro Festival
Spectacle créé le samedi 15 décembre 2018 à la Cartoucherie