Lire un tel grimoire d’un hiver gris est grisant. L’auteur devient un drôle d’oiseau : kiwi ou antipote, il fait de l’anthésite des pensées admises un pissat d’orties. Le “je qui ça ?” n’y trouve plus ses marques mais c’est ce qui permet aux homoncules trop pluriels de devenir singuliers.
Ici le “pot au laid” rend les reins beaux tant la poésie de redresse sur ses ergo sum.
C’est aussi le moyen de passer des caps pour éviter le pire dans un singulier mélange entre une radicale extériorité aux choses et une sensibilité exacerbée à l’égard des relations qui leur sont socialement imposées. Chaque “aphorisme” propose une morale immanente.
A la violence des idées reçues fait place un autre monde plus pinocchiesque. A mesure que le nez s’allonge, le mentir devient vérité.
jean-paul gavard-perret
Yves Bressande, Avec un long nez, Gros Texte, Fontfourane, 2018.