En matière d’incongruités, d’audaces, d’extraordinaires concrétions langagières, syntaxiques et lexicales, et rythmiques, et topiques l’image permet de nombreux détours.
Là où le corps des femmes est pris en un collectif supprimant toute vision identitaire, il arrive que des créatrices femmes affichent à nouveau la puissance du féminin dans le porno-syncrétisme des figures et des situations où les notions d’érotisme, de sexe, de morale élémentaire, de valeurs se trouvent défigurées volontairement pour relayer une matière thématique qui soit à l’aune de ce qui ne se pense pas ainsi.
Divers systèmes d’anti-individualisation comme à l’inverse d’atavismes trouvent ici exploration et expression sous la direction de Lise Lerichomme. La curatrice a su dégoter les artistes qui ont repéré certaines figures identifiées sous la multiplicité. Preuve que des consensus dévoilent, à chaque génération de l’histoire de l’art, et sous l’effet de masse, des personnalités.
Remontant au XIXème des caricaturistes en passant par un certain cinéma surréaliste et en ramenant aux créatrices contemporaines, l’exposition montre qu’il n’existe rien de consensuel ni de directement séduisant chez des créatrices qui proposent, en les dégageant des effet de groupe, des beautés insolites dans des iconographies qui font frémir les tièdes, les pisse-froid, les blêmes, les coincés de l’image.
jean-paul gavard-perret
Mains gantées et pieds bottés, Cabinet du livre d’artiste et éditions du certain sens, Rennes, du 17 janvier au 19 mars 2019.