Brice Cossu & Olivier Bocquet, FRNCK — t.04 : “L’éruption”

La Pré­his­toire vécue par un ado­les­cent d’aujourd’hui

Le scé­na­riste conti­nue l’explorer l’univers qu’il a créé, d’exploiter toutes les pos­si­bi­li­tés offertes par la confron­ta­tion de deux socié­tés très éloi­gnées l’une de l’autre, par le déca­lage entre elles. La tech­no­lo­gie avan­cée se révèle inef­fi­cace dans un monde agraire réduit à sa plus simple expres­sion : la cueillette et la chasse de proies acces­sibles.
Avec une magni­fique conclu­sion, Brice Cossu démontre que le fil de son his­toire est pensé dès le début, que la construc­tion ne s’est pas faite au fil des albums, mais conçu pour une superbe pirouette. Celle-ci ouvre, d’ailleurs, sur un nou­veau cycle dont on a du mal à per­ce­voir le che­mi­ne­ment, même si l’on se doute de la teneur de la conclu­sion finale.

Franck est tou­jours coincé dans la Pré­his­toire. Il décide d’utiliser le reste de charge de la bat­te­rie de son smart­phone pour racon­ter ce qui lui est arrivé, fil­mer son entou­rage et lan­cer un mes­sage de détresse. Il a bien du mal à enre­gis­trer avec Kenza tou­jours très curieuse et Gre­nouille, son bam­bin attiré par l’appareil. Quand il jette, comme une bou­teille à la mer, son smart­phone dans le lac par lequel il est arrivé, celui-ci com­mence à bouillon­ner. Des pierres tombent du pla­fond de la caverne. Franck com­prend que le vol­can où il habite avec la tribu entre en érup­tion.
Rejoint par Kenza, ils essaient de sor­tir. Une cre­vasse s’ouvre devant elle. Si son agi­lité lui per­met de sau­ter, il n’en n’est pas de même pour l’adolescent qui se retrouve au bord d’un lac de lave… Loin de per­ce­voir le dan­ger, les membres de la tribu uti­lisent les cou­lées de lave pour faire cuire la viande, pour faire des brchtts (des bro­chiottes). Pro­fi­tant des cir­cons­tances, Chi­po­lata enlève Gre­nouille pour en faire un otage et récu­pé­rer leur caverne, mais une caverne dans un vol­can qui se réveille

Avec ses deux socié­tés très éloi­gnées l’une de l’autre, Brice Cossu illustre bien les dif­fi­cul­tés de la com­mu­ni­ca­tion. Celles-ci sont fré­quente, par exemple, entre les pra­ti­quants de métiers dif­fé­rents où cha­cun use de son propre voca­bu­laire, de mots qui ne recouvrent pas un même concept, le même usage d’un objet. Essayez de suivre le dis­cours d’un méde­cin qui ne fait pas un effort de vul­ga­ri­sa­tion !
Le des­sin d’Olivier Boc­quet reste tou­jours aussi expres­sif, entre réa­lisme et cari­ca­ture, entre drame et comé­die. Il excelle à mettre en images des expres­sions exces­sives et des sen­ti­ments par­ta­gés. Les décors pré­his­to­riques res­tent peu déve­lop­pés, mais on peut faci­le­ment ima­gi­ner qu’Olivier Boc­quet dis­pose de peu de docu­men­ta­tion pour illus­trer la réa­lité de l’époque. Cepen­dant, il réus­sit à rendre une pré­his­toire telle que cha­cun peut l’imaginer compte tenu des connais­sances que l’on peut en avoir.

Brice Cossu et Oli­vier Boc­quet réa­lisent une série sédui­sante par le cadre nova­teur et par ses flots d’humour en jouant sur les anachronismes.

serge per­raud

Brice Cossu (scé­na­rio), Oli­vier Boc­quet (des­sin) & Yoann Guillo (cou­leurs), FRNCK — t.04 : L’éruption, Dupuis, août 2018, 60 p. – 10,95 €.

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