Oscillations au pied de la falaise
Il y a un désir lancinant d’écriture en peinture. La réciproque est tout aussi vraie. Richard Meier le prouve. Tel un cantonnier de la page, il fait gicler ou sourdre du signifiant dans et hors de l’image. Dans les “cercles de pierre”, celle-ci glisse progressivement de l’abstraction à la figuration au moment où les mots prennent le chemin inverse.
L’image qui revient ramène par exemple deux Vénus emmaillotées comme des bébés et entre deux eaux : il y a là de l’eau et presque du Lautrec.
Tout s’agence de page en page entre la vignette — où s’ajoute parfois son titre — et ce qu’elle génère. Parfois, “la pierre se cache parce qu’elle se cherche” en renversant ce qui généralement se produit puisque l’être en est plutôt le chasseur. Richard Meier devient l’oscillant qui ne cesse de rebattre les cartes dont les images tressautent et les mots dansent.
Bref, il fait parler les masques sans masquer la parole. Tout balance entre les mots et la vision vers une perpétuation en une double posture de ce qui, sans lui, resterait enfoui donc incommunicable.
Par la fente de chaque page, la vue regarde et la parole écrit, simultanément, alternativement. En cette opération le fond s’abîme dans une inconciliable communauté. Elle évite tout effet de répétition. Ce que l’image montre ou figure, le texte le dé-montre, le dé-figure. Il le retire en le justifiant.
L’icône fait voir le verbe mais ne le rend pas visible : elle fait la vue plonger en lui.
jean-paul gavard-perret
Richard Meier, Des cercles de la pierre, Voix Editions, 2019.
“Par la fente de chaque page, la vue regarde et la parole écrit, simultanément, alternativement. En cette opération le fond s’abîme dans une inconciliable communauté. Elle évite tout effet de répétition. Ce que l’image montre ou figure, le texte le dé-montre, le dé-figure. Il le retire en le justifiant.” JPGP .
” D ” comme divin , ” I ” comme irrésistible , ” S” comme savant , ” C” comme c’est génial ‚” O” comme original . DISCO , élégant , dense et dansant .