Michel Collot entre dans le paysage tout en s’en dissociant ou plutôt en le transformant. L’auteur, quoique totalement imprégné par le paysage, prend conscience que l’image y circule en liberté. S’y engagent tout le mental et l’émotion dans la conjonction de la perception et sa métamorphose.
Cela permet de comprendre à quel point nous sommes constitués de cette hybridation : c’est l’espace poétique par excellence. Michel Collot ne cherche pas la séduction mais une précipitation quasi picturale par effet de volumes et de pigmentations qui se nouent dans la vision du monde architectonique. Le rêve lui accorde des accents particuliers et parfois vertigineux là où le cauchemar peut poindre.
Néanmoins, voir comme il faut, c’est ouvrir les yeux afin que par l’imaginaire de nouveaux lieux apparaissent dans leurs épissures et qu’une seconde nature croise le réel en un champ magnétique d’une sensualité aérienne. Elle sourd des profondeurs cachées. Le poète quoique enveloppé dans le paysage n’est pas dominée par lui. A l’inverse, il ne cherche pas à le contraindre.
Le fantasme est remplacé par un mythe terrestre de la nature que la poésie cerne à travers les mots. L’oeuvre crée la véritable rencontre et la sortie du temps. Elle devient la recherche d’un parcours. C’est aussi une traversée, un gouffre de sensations.
La gravité est là mais s’y renverse. dans un effet de buée.
jean-paul gavard-perret
Michel Collot, Le parti pris des lieux, La Lettre volée, 2018, 128 p. –19,00 €.