Dénoncer ce qu’on n’a pas appris
Eric Poindron accomplit une mission poétique de manière transversale et impertinente. Il ne se veut pas théoricien d’un genre dont il sait bien plus qu’il feint de ne laisser paraître. Pour preuve existe ici et en action toute un recollection de l’ “anthos” du “legein” que l’auteur précise à l’ombre de Quignard p. 98 : “cueillette de fleurs sélectionnées pour leur beauté”. Mais pas seulement. Poindron ne garde et précise que ce qui est pour lui signifiant.
Le livre se développe en 300 questions et presque autant de réponses et dans lequel les premières sont à elles seules des injonctions au poète comme au lecteur. Tout est écrit de la manière la plus simple possible afin de montrer la servitude et la grandeur du genre. Principalement, ne servirait-il pas avant tout à “dénoncer ce qu’on n’a pas appris” (p. 30) ?
Néanmoins, il n’est pas question de réduire la poésie à une seule acception, d’autant qu’elle sert autant à abréger le temps, à l’allonger qu’à le dissiper suivant les cas car, en ce domaine comme ailleurs, les généralités ne seraient qu’illusoires. Poindron ne se limite pas à des considérations abstraites.
Son livre est une pratique où il est précisé (p. 41) : “lorsque vous relisez ce que vous avez ecrit, supprimer un mot sur deux, vous n’avez pas idée combien votre style y gagnera”. Le raccourci est en effet performatif. Il est le socle de tout travail.
Et l’économie choisie pour son livre par l’auteur le prouve. Laisser des questions sans réponses, se “contenter” pour répondre à certaines de la seule citation ne sont pas là des procédés d’un oisif. Non seulement le poète s’y fait altruiste mais audacieux en sortant la poésie du tout à l’ego où elle s’engouffre trop souvent.
jean-paul gavard-perret
Eric Poindron, Comment vivre en poète, Le Castor Astral, parution le 14 février 2019, 136 p. — 15,00 €.
Eric Poindron, Comment vivre en poète
Dénoncer ce qu’on n’a pas appris
Eric Poindron accomplit une mission poétique de manière transversale et impertinente. Il ne se veut pas théoricien d’un genre dont il sait bien plus qu’il feint de ne laisser paraître. Pour preuve existe ici et en action toute un recollection de l’ “anthos” du “legein” que l’auteur précise à l’ombre de Quignard p. 98 : “cueillette de fleurs sélectionnées pour leur beauté”. Mais pas seulement. Poindron ne garde et précise que ce qui est pour lui signifiant.
Le livre se développe en 300 questions et presque autant de réponses et dans lequel les premières sont à elles seules des injonctions au poète comme au lecteur. Tout est écrit de la manière la plus simple possible afin de montrer la servitude et la grandeur du genre. Principalement, ne servirait-il pas avant tout à “dénoncer ce qu’on n’a pas appris” (p. 30) ?
Néanmoins, il n’est pas question de réduire la poésie à une seule acception, d’autant qu’elle sert autant à abréger le temps, à l’allonger qu’à le dissiper suivant les cas car, en ce domaine comme ailleurs, les généralités ne seraient qu’illusoires. Poindron ne se limite pas à des considérations abstraites.
Son livre est une pratique où il est précisé (p. 41) : “lorsque vous relisez ce que vous avez ecrit, supprimer un mot sur deux, vous n’avez pas idée combien votre style y gagnera”. Le raccourci est en effet performatif. Il est le socle de tout travail.
Et l’économie choisie pour son livre par l’auteur le prouve. Laisser des questions sans réponses, se “contenter” pour répondre à certaines de la seule citation ne sont pas là des procédés d’un oisif. Non seulement le poète s’y fait altruiste mais audacieux en sortant la poésie du tout à l’ego où elle s’engouffre trop souvent.
jean-paul gavard-perret
Eric Poindron, Comment vivre en poète, Le Castor Astral, parution le 14 février 2019, 136 p. — 15,00 €.
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