Ce livre de grand format, abondamment illustré par les coauteurs, nous propose de visiter vingt-et-un monastères parmi les plus beaux d’Europe. Ils ont également réalisé cinq documentaires sur le sujet, disponibles en replay sur Arte.
L’ouvrage est divisé en cinq parties regroupant des monastères au bord de l’eau, “au bout du monde“, “entrepreneurs“, “hors champ“ et fréquentés par les pèlerins. Ce classement a l’avantage de nous faire changer de pays, d’époque (de construction) et de style visuel plusieurs fois par partie. Les moines et les moniales ne sont pas moins présents dans le texte et dans les images que l’architecture, ce qui donne à l’ouvrage un aspect attachant : leurs propos et l’histoire de leur vocation nous donnent l’impression d’autant de rencontres.
Fait notable : il y a parmi eux de nombreux scientifiques de formation. Ainsi, le père Mikael, présentement le seul moine de Saint-Grégoire-de-Tatev, raconte qu’ “une force [l]’a cloué au sol“ lorsqu’il est arrivé sur place pour la première fois, à l’époque où il était encore mathématicien (p. 73), expérience qui l’a poussé à entrer au séminaire.
On lit avec intérêt aussi les passages au sujet de la vie monastique, notamment ces phrases de sœur Cécile, carmélite de Saint-Guilhem-le-Désert : “Loin d’être une prison, la cellule monastique est à l’image de celle du corps humain. Elle grandit, se contracte, se dédouble au gré de la lecture“ des Saintes Ecritures (p. 83). On apprend au fil des pages des choses étonnantes sur la Jeanne d’Arc géorgienne, connue sous l’appellation de “roi Tamar“ (p. 171), sur la fonction de pompiers qu’exercent les frères de Niepokalanow, monastère fondé dans les années 1930 par Maximilien Kolbe, saint martyr victime des nazis (p. 153), ou sur les affinités entre les moines zen et les cisterciens (p. 119).
Du côté français, le mont Sainte-Odile a de quoi vous donner envie d’y faire un détour, offrant une source miraculeuse et une mosaïque créée en 1947 par Alphonse Gentil et Eugène Bourdet, où le sacré rejoint l’Histoire par le biais d’un Saint Michel terrassant le Dragon, qui ressemble fort à Charles de Gaulle !
Pendant cette période d’emplettes à mettre au pied du sapin, je conseille ce beau livre à tous ceux qui regrettent que Noël soit devenu avant tout une fête commerciale.
agathe de lastyns
Marie Arnaud & Jacques Debs, Monastères d’Europe. Les Témoins de l’invisible, Arte Editions/Zodiaque, octobre 2018, 252 p. – 39,00 €.