La série Voitures voilées est représentative du travail de Daniel Aron. Il choisit toujours pour proie l’ombre en des narrations du réel qui questionnent le regard. Maître du cadrage comme Eric Coisel, il saisit le monde à travers les voitures. Mais, aux épaves de ce dernier, il préfère celles qui sont préservées sous une carapace bâchée en lieu et place d’un garage.
Cette série est dans la suite de ses travaux qui cherchent à capter le beauté de manière insolite là où le voile questionne l’identité. Ici, tout semble anodin mais ce n’est là qu’une impression première. La photographie raconte la vie par les objets et leur décor comme Daniel Aron l’avait proposé dans sa série Illusion et le monde de l’artifice et du réel au cinéma et dans Intérieurs Simples consacrée à la réappropriation de lieux par les Marocains à Tanger.
Passé l’étonnement premier, Aron rend l’évidence troublante au sein de postulations aussi simples que paradoxales. La poésie visuelle joue à plein là où les prises concentrent seulement quelques éléments visuels. La voiture voilée devient un bloc référentiel autour duquel peuvent se développer bien des commentaires.
L’artiste parvient à sublimer le sans grâce et le presque informe. Ils forcent le regardeur à revenir sur chaque cliché : c’est un saut dans l’appareillage optique comme dans le réel.
jean-paul gavard-perret
Daniel Aron, Voitures Voilées, Photo12 Galerie, 14 rue des Jardins Saint-Paul, Paris 4eme, du 24 novembre 2018 au 26 janvier 2019.