Glen Baxter matérialise un univers baroque, classique et enfantin. L’artiste devient pour le dessin ce que Philippe Katherine est à la musique. L’artiste cultive sa liberté de pensée et de créer, il dévoile la médiocrité et les moyens de s’en protéger afin de préserver une forme de dignité par un humour nonsensique critique.
Il y a là une ouverture extrême et une confiance naïve à ce que l’art peut donner. A savoir s’élever contre les sirènes de la représentation du monde qui déroute le regardeur. Il propose d’autres révélation de l’intimité et de la société.
Baxter réinterprète le monde à travers ses vignettes. Elles font penser parfois à celles des premières bandes dessinées du Sapeur Camembert et autres héros primitifs du huitième art. Le marché du football, les condamnations pour parricide et bien d’autres “évidences”, par l’apparente naïveté du dessin et des sous-titrages, font l’objet d’une perversité subtile.
La réputation du style ou plutôt du langage graphique du créateur n’est pas usurpée. Et Baxter reste un des grands dessinateurs du temps. Son air de ne pas y toucher, sa « jumpologie » lui permettent d’être le traducteur aussi attentif que primesautier de son époque.
Son « fictionnage » de la réalité est autant original et atypique que prégnant.Un simple tag ou une information suffit parfois à la création. Baxter y construit son propre univers. Il devient l’accumulateur d’une sorte de documentation ironisée du monde avec sa poésie intempestive.
L’œuvre devient une mer où le réel n’a jamais pied.
jean-paul gavard-perret
Glen Baxter, exposition, Galerie Isabelle Gounod, Paris, jusqu’au 12 janvier 2019.