Ceux qui s’attendent à des pages biographiques resteront sur leur faim. De “Françoise Quoirez, princesse de Sagan” et à vue de pays, demeure un moment où la vie de l’auteure atterrit provisoirement dans le meilleur des mondes possibles.
C’est un coin du Midi que les usagers ne soupçonnent pas forcément et qui soit permet des clichés prometteurs, soit peut réchauffer le coeur d’une femme (pas n’importe laquelle) qui s’y avance« À pied ou à cheval, de longues promenades sur les chemins hésitants du causse, parmi les ruines de pierre sèche, les lièges agrippés aux flancs âpres de la vallée, les vignes plantées dans la rocaille, les racines affleurantes des cyprès”.
Est-ce là que la comtesse aux pieds nus à atteint le sud de son être ? Cendres ne le dit pas. Il se contente - comme le soleil - de faire sentir le presque muet, enchâssé dans le son transparent des cigales. Le paysages se recouvre d’empans colorés et surtout de phonèmes au souffle du corps que la grammaire incise.
Lèvres cousues sur l’écho, des souvenirs (improbables ?) y font manège. Pleins et déliés du causse proposent leur trajet dans les coulissoirs verbaux de l’auteur capable d’éviter les souverains poncifs. Ce qui est un moyen de rebondir sur de ce qui, chez Sagan, touche l’auteur.
Les mots échappent au morcellement sinistre des instants. Le présent n’est plus un point insignifiant mais du temps à l’état pur capable de produire une unité et une dissémination.
jean-paul gavard-perret
Julien Cendres, Françoise Quoirez, Maison Dagoit, Rouen, 2018.