Renaud Nattiez, Les femmes dans l’univers de Tintin. De Bianca Castafiore à Peggy Alcazar

“Où sont les femmes (tintinesques) ?”

Le tin­ti­no­phile éclairé, à l’affût de toute infor­ma­tion qui pour­rait lui faire défaut sur l’univers de Hergé et de son repor­ter à la houppe, ne sau­rait man­quer un tel titre.  Car l’on sait de fait que l’univers de Tin­tin est peu­plé de per­son­nages pra­ti­que­ment tous mas­cu­lins, la fémi­nité y étant aussi rare que concen­trée puisque confis­quée pour l’essentiel par le per­son­nage haut en cou­leur de Bianca  Casat­fiore — assi­milé le plus sou­vent par le scé­na­riste des­si­na­teur à une dimen­sion irri­tante.
Le pro­pos de Renaud Nat­tiez per­met de cor­ri­ger la miso­gy­nie à l’oeuvre dans Tin­tin en met­tant en lumière le nombre impor­tant  de femmes qui tra­versent les albums. Reste que, si on laisse de côté cette fort pré­cise nomen­cla­ture (l’auteur allant jusqu’à réper­to­rier les sil­houettes fémi­nines han­tant les albums, mazette !), on sort assez déçu de cette lec­ture qui tient en une qua­ran­taine de pages une fois  écar­tées les images par­fois de grande taille l’essaimant.

Là où l’on s’attendait de la part de Nat­tiez à une prise de posi­tion her­mé­neu­tique sur le sta­tut de la femme chez Hergé — aucune femme ne pre­nant jamais part à l’action en elle-même et appa­rais­sant, au mieux, une tran­si­tion dans le chan­ge­ment du récit  (voir le sort attri­bué aux concierges toutes brunes, coif­fées d’un chi­gnon, vêtues de cou­leurs ternes et d’habits sobres et ne sachant jamais grand chose) — , il fau­dra se conten­ter ici de ce repé­rage exhaus­tif et de l’amusante (mais fort brève pré­face ) de Phi­lippe God­din.
Certes, Nat­tiez redonne à Peggy Alcaz­zar la vedette sou­vent volée par Bianca mais l’analyse soi-disant consa­crée aux femmes dans cet uni­vers mas­cu­lin pseudo uni­ver­sel le cède peu à peu à une approche géné­ra­liste sur le rôle de la famille ou des orphe­lins dans l’opus her­géen, autant d’éléments que l’on peut lire dans d’autres articles (voir Tin­tin est-il déviant ? dans nos colonnes) ou essais autre­ment docu­men­tés (comme par exemple l’excellent Tin­tin ou l’accès à soi de Phi­lippe Ratte).

Une bonne idée donc mais au trai­te­ment par trop étique pour faire sens.

fre­de­ric grolleau

Renaud Nat­tiez, Les femmes dans l’univers de Tin­tin. De Bianca Cas­ta­fiore à Peggy Alca­zar, Pré­face de Phi­lippe God­din, éd. Sépia/ L’Harmattan, octobre 2018,format : 16 x 24 cm, 72 p. — 15,00 €.

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