Après le bien pâle Bleu Pétrole, et le temps passant, Alain Bashung est annoncé renaissant même si les oeuvres de cet album posthume n’avaient pas été retenues par l’artiste de son vivant. Certaines étaient trop dures eu égard sa mort annoncée. D’autres sont plus des fonds de tiroir. L’ensemble est parfaitement produit, à partir de maquettes, par celle qui avait réalisé l’œuvre absolue de Bashung (Edith Fambuena) Fantaisie militaire.
En Amont est encore plus crépusculaire mais n’atteint pas le miracle du premier. Manque en effet l’impossible : la « patte » de Bashung lui-même. A cause peut-être aussi une mise en son respectueuse mais bien trop sage (avec par exemple la présence d’un chœur superfétatoire). Comment pourrait-il en être autrement ? Une maquette restera une maquette et la magie n’opère pas de la même façon même si la proximité avec l’artiste est là. Le double album blanc des Beatles réédité récemment avec des versions « inédites » le prouve.
L’album ne ressemble pas forcément à Bashung même si Chloé Mons a fait le travail de mémoire et si Edith Fambuena tente de redonner l’esprit Fantaisie Militaire. Mais au fil des morceaux l’écoute s’étiole. Les deux femmes avec le chanteur créent certes un « trio du fantôme » (Beckett) : ne s’y retrouve pas la magie même des albums plus secondaires de l’artiste (« Rio Grande » par exemple).
Certes, retrouver Bashung reste un plaisir (entre autre avec le morceau « Immortel ») mais l’auditeur ne s’y sent peut-être pas toujours ému pour les bonnes raisons.
jean-paul gavard-perret
Alain Bashung, En amont, Barclay, 2018.
Gentil coquelicot Mesdames
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