Joël Cornette (dir.), La Bretagne : une aventure mondiale

« Le génie de la Bre­tagne, c’est un génie d’indomptable résis­tance et d’opposition intré­pide, opi­niâtre, aveugle »
J. Michelet

En ces temps de gilets jaunes, il n’est pas mau­vais d’évoquer les bon­nets rouges. Dans La Bre­tagne révol­tée, Joël Cor­nette, qui en est un mer­veilleux his­to­rien, avait étu­dié le lien de la révolte de 1675 à celle de 2013. Il dirige ici La Bre­tagne : une aven­ture mon­diale, qui com­blera tout ama­teur de bre­ton­nité !
La dia­spora bre­tonne étant ce qu’elle est, c’est désor­mais à l’aune du monde que l’auteur en envi­sage l’aventure. L’ouvrage réunit une pléiade d’historiens et d’intellectuels pres­ti­gieux : Oli­vier Cha­line, Jean Kerhervé, Chris­tian Bou­geard, Roger Dupuy, Jean-Clément Mar­tin, Éva Guillo­rel, Mona Ozouf, Dona­tien Laurent.

Il se com­pose de quatre par­ties : « Terre de légendes », « La plus mari­time des pro­vinces : de la Renais­sance aux Lumières », « Trois cents ans de com­bat : de 1789 à nos jours », et « Témoi­gnages ». Ainsi, la pro­gres­sion de l’ouvrage ne se fait pas seule­ment de manière chro­no­lo­gique, mais aussi thé­ma­tique.
Les articles de chaque spé­cia­liste alternent avec ceux de J. Cor­nette, pour abor­der tous les sujets qui viennent à l’esprit dès que l’on pro­nonce le mot « Bre­tagne », et en dres­ser ce que l’auteur appelle une « his­toire polyphonique ».

La pre­mière sec­tion per­met de bras­ser le folk­lore et les noms qui font la légende bre­tonne : Car­nac, Arthur, Nomi­noë, la « matière de Bre­tagne », Bro­cé­liande, sainte Anne, la chan­son et la com­plainte, le Bar­zaz Breiz, le mar­quis de Pont­cal­lec (drô­le­ment incarné par J.-P. Marielle dans « Que la fête com­mence ! » de B. Taver­nier), les veillées, si bel­le­ment évo­quées par Pierre Jakez-Hélias dans Le Che­val d’orgueil, le Tro Breizh. La deuxième par­tie s’intéresse à la Bre­tagne deve­nue fran­çaise (1532), à Anne, deux fois reine de France, à Nantes, per­due pour la Bre­tagne depuis 1941, aux ports marins et notam­ment Saint-Malo, aux Bon­nets rouges de 1675, et à Oues­sant, « île de l’épouvante ».
Une troi­sième par­tie est réser­vée à d’autres lieux de mémoire, bon gré mal gré : d’abord à la Révo­lu­tion, puis aux aven­tures du Citoyen Jean Connan de Guin­gamp, au bre­ton, « langue meur­trie », à la ten­dance poli­tique de la Bre­tagne à voter à gauche, aux bains de mer, au drame de l’Amoco Cadiz, aux algues vertes… L’ouvrage offre une der­nière par­tie de « témoi­gnages », d’entretiens avec deux per­son­na­li­tés : Mona Ozouf et Michel-Édouard Leclerc.

Quelques docu­ments viennent com­plé­ter l’édition : un lexique, une his­toire de la Bre­tagne en 100 dates, une généa­lo­gie des Ducs de Bre­tagne aux XIVe et XVe s., une table des auteurs et inter­ve­nants, une biblio­gra­phie inté­res­sante, deux index de noms de per­sonnes et de lieux.
Un ouvrage inté­res­sant, à se mettre sous la dent pour se faire une idée de la Bre­tagne, ou se défaire de ses idées sur elle !

yann-loic andre

Joël Cor­nette (dir.), La Bre­tagne : une aven­ture mon­diale, Tal­lan­dier, 380 p., 20,90 €.