Steve Berry, La conspiration Hoover

Une page peu glo­rieuse des USA 

Tou­jours par­fai­te­ment docu­menté sur l’histoire des États-Unis, sur les cadres et décors rete­nus pour ses intrigues, Steve Berry pro­pose, dans le pré­sent roman d’éclairer des évé­ne­ments liés au pas­teur Mar­tin Luther King et à John Edgar Hoo­ver, le direc­teur du FBI.

En pré­am­bule, Cot­ton Malone se rend à une invi­ta­tion dans le centre Mar­tin Luther King. L’homme qu’il y retrouve veut savoir ce qui s’est passé il y a vingt ans. Il déci­dera alors qui aura le pis­to­let qui est posé entre eux. Le récit remonte dans le temps, en Flo­ride. Cot­ton est alors avo­cat de la jus­tice mili­taire dans la marine de guerre depuis six ans. Il s’ennuie et vou­drait se recon­ver­tir. Pour rendre ser­vice à un ami qui veut divor­cer, il suit l’épouse adul­tère. Son ami inter­vient. Elle le tue et tire par deux fois sur Malone qui riposte. Il la blesse à l’épaule et se retrouve en cel­lule.
C’est Sté­pha­nie Nelle qui le sort de là. Elle veut le recru­ter pour le nou­veau ser­vice qu’elle crée, la divi­sion Magel­lan. La mis­sion qu’elle lui confie semble de rou­tine. Il s’agit de plon­ger pour récu­pé­rer une pièce de mon­naie, la plus rare du monde, dans un bateau coulé depuis peu par douze mètres de fond. Elle est dans une mal­lette étanche qu’il ne doit pas ouvrir.

C’est Jan­sen, un ancien du FBI, qui l’emmène sur les lieux. S’il trouve ce qu’il vient cher­cher, deux plon­geurs l’assaillent. Réus­sis­sant à leur échap­per, il s’étonne du poids de la mal­lette. Se fai­sant pas­ser pour Val­dez, le pro­prié­taire du bateau qui gît par le fond, il ren­contre Coleen Perry. C’est elle qui a la pièce qu’elle veut remettre contre la mal­lette. Entre­temps, Jan­sen dis­pa­raît. Son bateau explose alors que Malone était revenu cher­cher la mal­lette. Recueilli par Val­dez, Malone apprend que celle-ci contient des dos­siers et que la pièce ser­vait à les “ache­ter”.
Que contiennent ces dos­siers ? Qui sont cette Coleen en pos­ses­sion de la pièce et Val­dez qui avait les dos­siers ? Pour­quoi Sté­pha­nie Nelle a-t-elle menti ? Cot­ton com­prend qu’il est mani­pulé. Mais pourquoi ?

Le Pas­teur Mar­tin Luther King est célèbre pour son enga­ge­ment dans la défense des popu­la­tions noires et leur accès à une pleine citoyen­neté. Il a mené des cam­pagnes effi­caces qui ont pro­vo­qué son assas­si­nat le 4 avril 1968 à Mem­phis. Celui-ci était dans le col­li­ma­teur du direc­teur du FBI. Il était consi­déré comme un dan­ge­reux agi­ta­teur par une par­tie de monde poli­tique des USA, par une large part de la popu­la­tion blanche et était la cible d’extrémistes appar­te­nant au Ku Klux klan et autres mou­ve­ments de même obé­dience.
John Edgar Hoo­ver a été direc­teur du FBI de 1924 à 1972. S’il a mis en place et struc­turé une orga­ni­sa­tion effi­cace de lutte contre cer­tains ban­di­tismes, épar­gnant par­ti­cu­liè­re­ment la Mafia, il était obnu­bilé par le com­mu­nisme et tout autre mou­ve­ment pou­vant, à ses yeux, désta­bi­li­ser sa société idéale. C’est ainsi qu’après le mac­car­thysme de triste mémoire, cet esprit per­vers avait mis en place le Coin­tel­pro (Coun­ter Intel­li­gence Pro­gram), un pro­gramme de contre-espionnage qui avait pour objec­tif d’enquêter et de per­tur­ber les orga­ni­sa­tions poli­tiques dis­si­dentes aux États-Unis. Les agents devaient démas­quer, bri­ser, four­voyer, dis­cré­di­ter, ou au moins neu­tra­li­ser les acti­vi­tés de ces groupes.

Après les com­mu­nistes, ce sont les orga­ni­sa­tions menées par des noirs qui ont été la cible de ce pro­gramme. Tous les moyens étaient bons pour démo­lir ceux qui osaient avoir une autre opi­nion. Le FBI a tra­qué des mil­liers d’innocents, les ame­nant au sui­cide quand ils n’étaient pas pure­ment et sim­ple­ment exé­cu­tés. C’est ainsi que Jean Seberg, la lumi­neuse actrice vedette avec Jean-Paul Bel­mondo du célé­bris­sime À bout de souffle a été accu­lée au sui­cide pour son mili­tan­tisme.
Avec ce roman, Steve Berry revient sur les cir­cons­tances de l’assassinat de King, les nom­breuses inter­ro­ga­tions qui sont légi­times sur les faits et leur enchaî­ne­ment. Il dévoile aussi la figure de Hoo­ver, ses tur­pi­tudes sur ses nom­breux secrets inavouables.

Avec ces faits authen­tiques ‚Ber­ryl conçoit un récit mou­ve­menté, riche en péri­pé­ties, don­nant ainsi la pre­mière mis­sion d’Harold Earl « Cot­ton » Malone au sein de la branche secrète du minis­tère de la Jus­tice. Passionnant !

serge per­raud

Steve Berry, La conspi­ra­tion Hoo­ver (The Bishop’s Pawn), tra­duit de l’anglais (États-Unis) par Phi­lippe Szc­ze­ci­ner, cherche midi, coll. “Thril­ler”, octobre 2008, 448 p. – 22,00 €.

Leave a Comment

Filed under Pôle noir / Thriller

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>