Glissements progressifs du désir
Daniel Cooney Fine Art présente la première exposition du dessinateur et illustrateur Mel Odom. Ces images réunissent des oeuvres des années 60–70 et des sept dernières années. Elles sont exécutées à l’encre, crayon, gouache et aquarelle. L’artiste connaît très tôt sa consécration (milieu des années 70) en travaillant pour « The New York Times Magazine », « Rolling Stone », « Time », etc. et surtout son support préféré « Playboy ». il a aussi illustré de nombreuses couvertures de livres.
A la fin du siècle, il abandonne l’illustration pour se focaliser sur la création d une poupée fashionista pour adultes nommée Gene Marshall. Elle est inspirée des stars de cinéma dans les années 40–50. Chaque modèle possède une thématique hollywoodienne bien précise s’inspirant des costumes historiques des vedettes. Sa particularité est d’être destinée au marché des collectionneurs et non celui des enfants. Son succès inspire la création de poupées similaires dont Barbie pour un public plus enfantin.
Mais, parallèlement, Odom crée des œuvres plus personnelles et le Sida a beaucoup d’influence sur l’évolution de son œuvre. Ce fléau le rapproche d’une réalité moins onirique et superficielle. Les travaux de l’artiste ont reçu beaucoup de récompense et il publie deux livres avec succès « First Eyes » (1982) et « Dreamer »(1984) avec une préface d’Edmund White.
Le titre de l’exposition parle de lui-même. Les images sont voluptueuses mais de manière astucieuse. S’y mêlent la beauté, la pulsion et le risque selon un graphisme très particulier. La monstration entraîne vers l’ altérité du pur désir — ou du désir pur. Dans tous les cas, il existe ni véritable transparence, transcendance, ou immanence mais le glissement du désir qui s’étend et que l’artiste visualise de manière parfois quasiment symbolique.
Le corps féminin se double d’une sorte de signalétique des effets qu’il produit. La femme se nourrit de l’amant mais, telle une panthère, elle n’a même pas besoin d’un lit de camp pour la sieste coquine. Il existe à la fois une mise en abyme du voyeurisme et son exacerbation ironique et ludique. Le corps voluptueux reste l’ecchymose de l’âme. L’artiste revient toujours à son beau pays et ce qu’il déclenche.
Chaque œuvre exprime le plaisir sans jamais tomber dans la pornographie ou la grivoiserie. L’érotisme n’a rien des plaisanteries des gravures japonaises. L’empire des sens lui-même se love en des métaphores labyrinthiques. Tout bascule de manière électro-rythmique sous une lumière éclatante des corps sur le point de céder.
jean-paul gavard-perret
Mel Odom , Gorgeous, Daniel Cooney Fine Art, New-York, 2018.
508 W 26th St, New York, NY 10001, États-Unis
Téléphone : +1 212–255-8158