David Besschops, Placenta

Des ragots dingues aux zèles du désir

Quoi de plus ragoû­tant qu’un brouet excen­trique où les oiseaux morts se trans­forment en visi­teurs du soir pour peu qu’ils soient pré­pa­rés avec des spa­ghet­tis au beurre et ser­vis sur un canapé où se livrent à des agapes « le néné » et sa « caring­ton » (qui n’a rien de la Léo­nora du même nom) qu’il finit par hono­rer — même si ce n’est pas le bon mot ?
Mais il faut dire que la nar­ra­trice n’est, quoique filiale, en rien fiable sauf peut-être à l’ultime ligne de ce texte Mas­cara, mus­ca­det où les per­son­nages sont des potes âgés aux trous proches de l’outrage là où la sexua­lité est sou­vent réduite à l’arrière train-train quo­ti­dien d’une mère de sarcasmes.

Est-ce pour cela que le lec­teur ne sait où il met les pieds ? Dans le livre toute sent la frite, la baise. Mais les deux ne sont jamais les bonnes. L’auteur pour­tant met de l’huile. Reste à se deman­der de quelle source elle a bien pu rou­cou­ler.
Que faire alors, que faire ? Voici le lec­teur en manque de vieil art et ver­nis sages. Le texte est court en miracles. Mais les sor­nettes d’alarme sont mises en scène et bour­rées de sau­ve­tage. Enfin presque. Car les faims de par­ties (hon­teuses) sont nom­breuses. D’où les zèles du désir dont Bes­schops fait preuve.

C’est d’enfer. C’est roche choir. Il y a là des tailles au carré pour l’hypothénuse mais autant de râteaux de la méduse pour le lec­teur qui ne l’apprécie pas à cause de ses zestes dépla­cés face au « Néné » sorte de Sit­ting boule frit à l’huile de Ricains. Il y a peu à parier qu’un tel livre gagne un Gon­court de cire constante. Tout est ici affaire de basse tringle, de folies ber­bères. Cela sent pour­tant la mai­son glose mais sans beau teint mon­dain. Ici ce qui tient lieu de Ritz est amer.
L’accord des on ne fait pas pour autant le gay luron. Et dans un tel contexte, les gogos se pèlent. Res­tent des miches thons lorsque le pla­centa tourne à l’eau de bou­din. Les dra­gueurs de minimes semblent prendre des panards gothiques. Les gars grouillent mais jamais loin de l’or du rein. Les mères démon­tées portent des jarres telles quelles. A défaut de braves hauts reste du luxe en bourg.

Il y a là de l’opéra pas­tille au milieu de tard turfs. Cer­tains zozos pointent un nez faste et un faste foudre. Res­tent des tartes tapins pour les petites faims avant les amères tunes. Exit les apnées juvé­niles au bal des mutantes bai­gnées d’un soda inconnu et de faux rhum des halls. L’ère de la renon­cu­la­cée est sans cesse annon­cée puis retar­dée mais chaque rosier y a son fumier.
Bref, rien ne manque pour un auteur qui veut main­te­nir le contact avec l’abstinence en ten­tant de sau­ver ce qui peut l’être. Dans ce but, il change plus de « gri­mace que de che­mise » — ça ne fait pas un pli dans les embrouillaminis.

lire notre entre­tien avec l’auteur

jean-paul gavard-perret

David Bes­schops, Pla­centa, Illus­tra­tions d’Oskar Bes­schops Asca­lante, Edi­tions Cor­mor en Nup­tial, Tamines (Namur), 2018, 56 p .- 18,00 €.

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