Des ragots dingues aux zèles du désir
Quoi de plus ragoûtant qu’un brouet excentrique où les oiseaux morts se transforment en visiteurs du soir pour peu qu’ils soient préparés avec des spaghettis au beurre et servis sur un canapé où se livrent à des agapes « le néné » et sa « carington » (qui n’a rien de la Léonora du même nom) qu’il finit par honorer — même si ce n’est pas le bon mot ?
Mais il faut dire que la narratrice n’est, quoique filiale, en rien fiable sauf peut-être à l’ultime ligne de ce texte Mascara, muscadet où les personnages sont des potes âgés aux trous proches de l’outrage là où la sexualité est souvent réduite à l’arrière train-train quotidien d’une mère de sarcasmes.
Est-ce pour cela que le lecteur ne sait où il met les pieds ? Dans le livre toute sent la frite, la baise. Mais les deux ne sont jamais les bonnes. L’auteur pourtant met de l’huile. Reste à se demander de quelle source elle a bien pu roucouler.
Que faire alors, que faire ? Voici le lecteur en manque de vieil art et vernis sages. Le texte est court en miracles. Mais les sornettes d’alarme sont mises en scène et bourrées de sauvetage. Enfin presque. Car les faims de parties (honteuses) sont nombreuses. D’où les zèles du désir dont Besschops fait preuve.
C’est d’enfer. C’est roche choir. Il y a là des tailles au carré pour l’hypothénuse mais autant de râteaux de la méduse pour le lecteur qui ne l’apprécie pas à cause de ses zestes déplacés face au « Néné » sorte de Sitting boule frit à l’huile de Ricains. Il y a peu à parier qu’un tel livre gagne un Goncourt de cire constante. Tout est ici affaire de basse tringle, de folies berbères. Cela sent pourtant la maison glose mais sans beau teint mondain. Ici ce qui tient lieu de Ritz est amer.
L’accord des on ne fait pas pour autant le gay luron. Et dans un tel contexte, les gogos se pèlent. Restent des miches thons lorsque le placenta tourne à l’eau de boudin. Les dragueurs de minimes semblent prendre des panards gothiques. Les gars grouillent mais jamais loin de l’or du rein. Les mères démontées portent des jarres telles quelles. A défaut de braves hauts reste du luxe en bourg.
Il y a là de l’opéra pastille au milieu de tard turfs. Certains zozos pointent un nez faste et un faste foudre. Restent des tartes tapins pour les petites faims avant les amères tunes. Exit les apnées juvéniles au bal des mutantes baignées d’un soda inconnu et de faux rhum des halls. L’ère de la renonculacée est sans cesse annoncée puis retardée mais chaque rosier y a son fumier.
Bref, rien ne manque pour un auteur qui veut maintenir le contact avec l’abstinence en tentant de sauver ce qui peut l’être. Dans ce but, il change plus de « grimace que de chemise » — ça ne fait pas un pli dans les embrouillaminis.
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jean-paul gavard-perret
David Besschops, Placenta, Illustrations d’Oskar Besschops Ascalante, Editions Cormor en Nuptial, Tamines (Namur), 2018, 56 p .- 18,00 €.