Betty Tompkins,Will She Ever Shut Up? (exposition)

Révi­sion des poncifs

Avec Will She Ever Shut Up? l’artiste pion­nière du fémi­nisme — recon­nue pour sa vision radi­cale de la sexua­lité et de ses « lieux » à tra­vers le des­sin, la pein­ture, la pho­to­gra­phie et la vidéo — pré­sente un tra­vail à la fois ori­gi­nal et his­to­rique. Il fait par­tie du pro­jet « Women Words » qui se foca­lise de manière aussi poi­gnante qu’humoristique sur l’histoire des femmes.
Dans la pièce prin­ci­pale, l’artiste pré­sente des pages de livre de pho­to­gra­phie et d’histoire avec figures de femmes célèbres ou incon­nues qu’elle maquille d’incisions lan­ga­gières sou­vent crues et qui servent aux hommes pour carac­té­ri­ser l’autre par­tie de l’humanité. Se retrouvent caviar­dées des images qui vont de la Renais­sance à nos jours : Bras­saï Richard Ave­don, Jan van Eyck, Wee­gee, Bruce David­son, Rem­brandt ouVer­meer. L’artiste a choisi ces visions uni­que­ment d’hommes sur les femmes afin de les sub­ver­tir de manière imper­ti­nente dans sa com­bi­nai­son du texte et de l’image.

L’expo­si­tion est com­plé­tée par une série de tra­vaux en cours de l’artiste inti­tu­lée « Apo­lo­gia ». L’artiste y répond à la vio­lence que les femmes doivent affron­ter. A l’inverse de la série pré­cé­dente, les œuvres que l’artiste revi­site sont plus « posi­tives ». Il s’agit de celles de défen­seurs des femmes ou des femmes elles-mêmes : Ange­lica Kauff­mann, Judith Leys­ter, Mary Cas­satt d’un côté et Andy Warhol, Cara­vag­gio et Raphaël parmi d’autres. L’artiste pour­suit ses modi­fi­ca­tions d’originaux de manière aussi enga­gée que ludique en les gri­mant sous des figures de la culture popu­laire.
L’ensemble est com­plété par des pein­tures de l’artiste des années 70 et 80 à une époque où — encore jeune et mécon­nue — elle tra­vaillait avec des ado­les­cents sur la Consti­tu­tion amé­ri­caine et les droits des femmes et des hommes. L’oeuvre repré­sente des mor­ceaux de ces textes fon­da­men­taux pla­cés sur une grille méti­cu­leu­se­ment peinte où cer­tains mots clés sont révé­lés à plu­sieurs reprises. En un moment où les droits fon­da­men­taux de l’homme sont remis en ques­tion par des gou­ver­ne­ments, un tel tra­vail pro­pose une médi­ta­tion béné­fique non seule­ment sur le passé mais sur­tout le pré­sent et un futur qu’on espère insistant.

jean-paul gavard-perret

Betty Tomp­kins, Will She Ever Shut Up ?, PPOW Gallery,

535 West 22nd Street, New York, NY 10011
Tel 212–647-1044

 from Novem­ber 15th until Decem­ber 22nd, 2018.

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