En fille du Nord, Jacqueline Fischer joue les hirondelles : pas n’importe lesquelles. Il ne s’agit pas des « hanvélos » de Zazie dans le métro mais de celles qui annoncent le printemps. En effet, la poétesse propose des fleurs qui s’ouvrent à la fin du gel (et à condition qu’il revienne eu égard au réchauffement de la planète).
La fausse savante mais la vraie couseuse accueille avec alacrité et humour toutes les fleurs : la tarentaine amidonnée, la scrabreuse pendulaire (qu’elle se promet de cueillir à ses risques et périls telles les sorcières de jadis), la gore rustique plus sauvage que gothique, la foffette ébouriffée comme une femme qui a préféré la fornication à la messe chantée.
Ce livre est aussi efflorescent que son sujet. Le style en est précieux mais léger. Scientifique un peu et poétique beaucoup. C’est une manière de vagabonder quand la nuit tombe et que les fleurs fraîchement coupées sourient sous un plafonnier. Les yeux sont habités moins par les fleurs elles-mêmes que par les mots qui les rendent encore plus mystérieuses que leur nom. La vie devient un bouquet de petites languettes blanches et frisées, de baies azurs, de pétales soyeux ou charnus.
L’acclimatation n’est pas seulement décorative. Il faudrait plus qu’un zeste d’esprit voluptueux pour voir en ce précis un abrégé de science érotique. D’autant que certaines fleurs citées donnent de la vigueur aux jeunes mariés pour leur noce. Bref, c’est du viagra naturel en quelque sorte. Nous laisserons au lecteur découvrir dans ce livre de quelles étamines (joviales) il s’agit.
jean-paul gavard-perret
Jacqueline Fischer, Précis de botanique alternative, 2018.