Le livre de Laurent Grison laisse (parfois et juste un peu) sur notre faim. Certes, l’auteur prouve un feu sacré pour l’expérience typographique qu’il propose. Celui qui dans Le chien de Zola (Editions Henry) sait que « la page boursoufle / comme un pneu gonflé d’air / se rêvant cylindre ». Mais plutôt que laisser, sur chacune d’elles, le texte vivre une existence normale il invente une succession d’« ellipses barbares de l’ellipse » en transformant le logos en image afin d’en dévoiler d’autres ressources.
Comme dans La Modification de Butor un train roule vers l’Italie. Mais la comparaison s’arrête là. Il y a ici le bruit des bogies, des saccades que la typographie des signes induit. Parfois, c’est totalement réussi, parfois plus attendu (d’où notre réserve de départ).
Ecrire le mot “hauteur” de manière verticale est plutôt attendu. Néanmoins, des signes et des jeux typographiques sont très souvent plus pertinents et ouverts : lorsque par exemple le « è pericoloso sporgersi » est figuré par un jeu de parallèles rouges témoins peut-être d’une vitre qui descend. Le tout avance dans un autre jeu : celui des répétitions et de reprises. Elles donnent au train son rythme et au livre sa rythmique. Dès lors, la réticence première est moindre par rapport à ce qu’un tel livre produit.
jean-paul gavard-perret
Laurent Grison, è pericoloso sporgersi, Editions Color Gang, coll. Atelier, Saint-Génis-les-Fontaine, 2018, 42 p. — 20,00 €.