Françoise Lalande est une écrivaine belge, française par son père, berlinoise par sa mère. Elle a vécu dans de nombreux pays d’Amérique latine et du Maghreb où elle séjourne, a consacré à Arthur Rimbaud de nombreux textes et s’interroge dans ses romans sur l’après Shoah tant sur le plan collectif qu’individuel.
Elle fait preuve ici autant de sérieux que de décontraction. Comme si elle osait des textes plus légers (parfois) et plus insolites mais aussi – “sois l’absurde ” – un sentiment tragique de l’existence. Le charme complexe est évident. Françoise Lagarde y respire librement, ose des dérives à forte dose et comme son philosophe barbu de dernier texte elle “rit et crie”.
Seul bémols : les textes sont plus épars, disjoints qu’ils ne forment une unité de style. Mais cela est secondaire. L’auteure a rassemblé ici des textes qu’elle n’avait pas retenus jusqu’alors. Et bien à tort. La vie y avance en tentant d échapper à certaines angoisses que dissipe l’humour qui reste tranchant et ténébreux.
L’amplification de l’intime prend une voie particulière. L’auteure sait se coucher au fond des mots pour perdre la tête et un peu plus. C’est un moyen d’épingler des blessures mais aussi des ravissements. Rêves et cauchemars se travestissent mais aussi retrouvent leurs sueurs aux rayons de la lune au sein de métamorphoses en élixir jusque dans l’abîme de la Seine ou ailleurs. Elle vient ici au cœur du vent, au cœur du sang, sillonne l’infini dans le fini avec un cœur pudique et à la renverse.
jean-paul gavard-perret
Françoise Lalande, Quoi de plus délicieux que l’eau rougie du temps ?, Z4 Editions, 2018, 82 p. — 14,00 e.