Jacques Drillon propose un essai autobiographique sans grande originalité a priori. Tout commence forcément par l’enfance et une mère qui occupe une position centrale dans toute cette histoire. Tout cela ramène à un présent où l’auteur parle de ce qui lui tient à cœur : sa maison, son jardin où poussent des bambous. Tel est son royaume.
Il y règne modestement avec ses objets familiers, ses bibliothèques, ses pianos, son clavecin. Tout est écrit avec délicatesse et cette pointe d’ironie quant à la nature humaine : « Il ne faudrait pas trop médire de l’hypocrisie. Si tous les êtres humains portaient leur âme sur leur visage, à quelles horreurs ne serions-nous pas exposés ! ». Afin d’éviter tout risque déceptif, l’auteur s’en extrait, se retire dans la tour d’ivoire de la musique qui lui sert de rempart.
L’auteur rêve que le temps ne bouge pas et il s’y emploie — du moins tant que faire se peut. Et l’écriture précieuse l’accompagne. Il suffit de se retirer et faire exercice d’érudition et de méditation. Ce qui n’empêche pas certaines rencontres — mais juste ce qu’il convient car il ne faut pas s’abuser sur ce que les autres peuvent donner.
A sa manière, Drillon est sans doute misanthrope mais atrabilaire certainement pas. Il est de ceux dont la compagnie doit être des plus agréables. Mais l’auteur éloigne les importuns et les inopportuns. Il préfère rester « bien caché, en Robinson et peu de Vendredi, à l’intérieur de l’intérieur, à côté de la fenêtre qui ne laisse rien passer du dehors, si ce n’est la merveilleuse lumière. « . Qui aurait l’audace de venir le déranger ?
jean-paul gavard-perret
Jacques Drillon, Cadence, Gallimard, collection Blanche, Paris, 2018, 400 p. — 23,50 €.
Excellent !